Depuis les années 1950, Monsieur Bellanger, premier centenaire collectionneur philatéliste de notre association, est un membre assidu de l’APCE.
Né le 22 septembre 1906, Monsieur Bellanger a débuté la philatélie à l’âge de 8 ans, soit vers l’année 1914. Titulaire d’un certificat d’études, cet autodidacte, a toujours eu la volonté de s’instruire : étudiant en anglais, et espagnol, il maîtrise la comptabilité et la sténographie.
C’est aussi un sportif : un peu avant le régiment en 1939, il s’est pris de passion pour le cyclisme en s’entrainant régulièrement, tous les matins, du mardi au vendredi autour du champ de course de Longchamp. Comme il le dit si bien lui-même : « c’était pratique, il n’y avait pas beaucoup de circulation à cette époque et on avait la pendule pour voir l’heure comme cela on savait à quel moment on devait arrêter et rentrer chez soi ». En voici l’interview par un de nos adhérents.
De quelle façon votre envie de collectionner des timbres a-t-elle débutée?
J’ai commencé très jeune à m’intéresser à la philatélie collectant dans ma famille tous les timbres que je trouvais. Je m’y intéressais plus ou moins selon le temps dont je disposais et évidemment compte tenu de la situation à laquelle j’étais confronté mais j’avoue que, depuis cette passion n’a cessé de m’animer.
Vos collections étaient-elles axées sur des thèmes précis?
Dés le début, comme je n’avais pas de prédilections pour un pays en particulier, je me suis mis à collectionner des timbres du monde entier, prenant tout ce que je trouvais. Plus tard j’ai également essayé d’acheter tous ceux qui me plaisaient.
J’achetais, habituellement, mes timbres chez des marchands spécialisés mais également au carré Marigny.
Avez-vous évolué dans vos choix par rapport à ceux que vous aviez adoptés à l’origine, et si c’est le cas vers quelle autre spécialisation philatélique vous êtes vous orienté?
A l’origine je collectionnais des timbres d’Europe et du monde entier puis j’ai restreint mon champ d’action, un peu avant d’aller au régiment et je me suis spécialisé sur les timbres de France et des colonies françaises.
Pendant très longtemps les timbres oblitérés de la poste aérienne du monde entier m’ont passionnés. J’avais une assez belle collection que j’ai vendue pour acheter mon appartement.
Possédant la totalité des timbres français sauf le Prusse et le Vermillon, je trouvais que remplir des cases vides dans un album devenait inintéressant, aussi je décidais de m’orienter plus sérieusement, vers une autre collection : les agences postales militaires de la marine.
Mon évolution m’a conduit à abandonner les timbres, à privilégier les oblitérations et à collectionner des enveloppes affranchies de cuirassés et de pétroliers, que je trouvais durant les périodes estivales, dans une société de transport pétrolier où je travaillais.
Cette collection s’est avérée plus intéressante car ces documents et ces oblitérations m’indiquaient le parcours effectué par ces correspondances.
La seconde guerre mondiale et son contexte a-t-elle eu une influence sur votre motivation philatélique. Avez vous eu des difficultés à trouver des timbres durant cette période ?
Non, durant ce conflit, je n’ai jamais cherché de timbres en particulier dans la mesure où je récupérais tous ceux que je trouvais et j’achetais tous les timbres qui me plaisaient.
A quel moment de votre vie philatélique avez-vous adhéré à un ou plusieurs clubs, lequel ou lesquels ?
Bien avant la dernière guerre, j’étais abonné à l’écho de la philatélie, j’y ai découvert des comptes rendu de sociétés, je me suis affilié à un club, l’amicale philatélique de la rive gauche, puis celui de la rive droite et ensuite de Paris je suis passé directement à Colombes.
Comment êtes vous rentré en relation avec le club de Colombes ?
C’est par l’intermédiaire d’un ami : Alphonse Migevant, ancien marin qui habitait Bois-Colombes, nous étions très amis, je me suis affilié à l’Amicale de Colombes.
Cette adhésion vous a-t-elle apporté une évolution philatélique ?
Mon adhésion à des clubs philatéliques m’ont permis grâce aux relations qui se sont crées d’approfondir mes connaissances en matière philatélique et même en matière de marcophilie.
Quelle différence existe-t-il pour vous entre la philatélie que vous avez connue à vos débuts et celle d’aujourd’hui ?
Actuellement, il y a pléthore d’émissions de timbres. On ne peut pas voir trop grand, il est essentiel de se spécialiser.
D’autre part il existe beaucoup d’émissions commerciales que je réprouve. Je n’achète pas : les émissions préparées dans un but commercial, par exemple : le Richelieu sur le Pétain. Il s’agit, à mon sens, d’émissions, que je qualifie « hors philatélique ».
Continuez-vous actuellement, en 2007, à acheter des timbres?
J’achète des timbres pour affranchir mon courrier.
En matière de timbres français, je ne collectionne actuellement plus rien, ceux qui me manquent je constate qu’ils coûtent trop cher. Je récupère les timbres que je trouve, ainsi sans recherche ma collection s’étoffe.
Quelle est votre opinion sur l’avenir de la philatélie depuis bientôt un siècle ?
Je suis un peu inquiet pour l’avenir de la philatélie, car en principe on pourrait compter sur les jeunes philatélistes, malheureusement très peu de jeunes s’y intéressent.
Une exception existe toutefois à Colombes, l’amicale motive beaucoup les jeunes, alors que les autres sociétés philatéliques sont dirigées depuis trop longtemps par les mêmes personnes. Cela crée une certaine apathie et routine quotidienne qui sont des freins à l’évolution de ces associations.
Quel a été l’apport de la philatélie durant votre vie?
Après le travail professionnel, les obligations du foyer ou les corvées reviennent régulièrement, dés que je dispose de temps libre, j’aime à me relaxer par la philatélie. Le regard que je pose sur mes timbres me permet de m’évader et de rêver.