Jeanne d’Arc est née à Domrémy à près de cinq lieues de Vaucouleurs, à l’est de la France. Le roi de France Charles VI était alors fou (car atteint de troubles nerveux) et les grands seigneurs se disputaient le pouvoir. Ses parents sont de pieux paysans Lorrains dévoués au dauphin Charles VII et c’est dans une maison ordinaire non loin de l’arbre des fées, du bois Chenu et de la fontaine des Rains qui guérissait les fièvres que Jeanne voit le jour le 6 janvier 1412. Cette date est mentionnée dans un récit miraculeux de la vie de Jeanne ont l’authenticité est discutée, signé par le Chambellan de Charles VII, Perceval de Boulainvilliers et qui aurait été écrit en 1429 mais l’authenticité en est discutée.
En 1412, le roi d’Angleterre Henri V veut devenir roi de France, il vit à Paris et occupe la moitié du territoire tandis que Charles VII, fils du roi de France, doit se réfugier à Bourges. Deux clans s’affrontent ; les bourguignons, favorables au roi d’Angleterre, et les Armagnacs, fidèles à Charles VII. En 1415, les Français subissent une terrible défaite à Azincourt: la France est coupé en deux, le royaume du nord reconnaît Henri V d’Angleterre comme roi, tandis qu’au sud c’est le dauphin Charles, fils de Charles VI qui prend le titre de roi. Il y a alors deux roi en France. Mais les deux rois (Henri V d’Angleterre et Charles VI de France ) meurent la même année, en 1422. Qui va leur succéder? Charles VII, roi non sacré et déshérité par ses parents et qui tient avec difficulté les provinces au sud de la Loire, n’a pas la légitimité qui lui assurerait le soutien de l’ensemble des Français. Cette succession sera à l’origine de la reprise de la guerre de cent ans avec les anglais qui revendiquent la terre de France, avec le soutien des bourguignons. C’est dans ce contexte qu’intervient Jeanne d’Arc.
Vaucouleurs : la Porte de France d’où est partie Jeanne la Pucelle. Les habitants de Vaucouleurs lui forgeront une épée que lui confiera Baudricourt avec une lettre d’accréditation à remettre au Dauphin à son arrivée.
C’est le début d’une extraordinaire épopée. L’enfance de Jeanne la petite paysanne chrétienne s’écoule paisiblement à Domrémy, havre de paix au milieu d’un pays ravagé par la guerre. Cadette d’une famille de cinq enfants, elle grandit alors que la guerre de Cent Ans secouait la France. A 13 ans que la jeune fille affirme entendre des voix du ciel ( Sainte Catherine et Sainte Marguerite ainsi que l’archange saint Michel ) qui lui ordonnent de porter secours au dauphin de le faire couronner à Reims (futur Charles VII) et de « bouter les Anglais hors de France ».
En janvier 1429, pour mener à bien sa mission de libération du pays, Jeanne d’Arc alors âgée de dix-sept ans fait preuve d’une extrême ténacité et parvient à convaincre Robert de Baudricourt capitaine de la place de Vaucouleurs de la faire escorter par 6 hommes d’armes auprès du roi à Chinon qui a élu domicile au Château de Chinon afin de lui rappeler son devoir : « Damnes Deus père, n’en laissiez Hunir France ! ». ( Père, ne laissez pas déshonorer la France)
A cette époque, elle n’est pas la seule à proclamer qu’elle entend des voix et l’église est extrêmement réservée face à ces manifestations. Beaucoup de “soeurs de jeanne d’arc” finissent en effet sur le bûché; c’est le cas notamment de Jeanne-Maris Maillé qui critiquait les moeurs de la cour ou encore de Piéronne la Bretonne qui fut brûlée vive par les Anglais à Paris en 1430. Aussi des théologiens s’assurent du témoignage de la jeune Lorraine avant que des matrones ne vérifient sa virginité. Alors seulement, on laisse la Pucelle approcher du roi. Intervient ici le fameux épisode de la reconnaissance: afin d’éprouver celle qui se dit guidée par Dieu, le Dauphin se déguise en courtisan et en entourée de nombreux chevaliers. Pourtant Jeanne qui l’aurait immédiatement reconnu alla s’agenouiller devant lui et dit: “Dieu vous donne bonne vie, gentil prince!” Le dauphin complice de la supercherie répondit à cela “Ce n’est pas moi qui suis le roi, voilà le roi” en lui présentant le Comte de Clermont. Jeanne ne se laissera pas prendre au leurre et répondit à Charles :« Gentil prince,En nom Dieu, c’est vous et non un autre ! Je te le dis de la part du Messire, tu es vrai héritier de France et fils de roi, et il m’a envoyé à toi pour te conduire à Reims, pour que tu reçoives ton couronnement et ta consécration, si tu le veux. »
Cette année la, Jeanne la modeste bergère va combattre les Anglais et aider Charles VII à monter sur le trône. Rien ne paraît pouvoir sauver Orléans. Enjeu stratégique, la ville est située entre les possessions du dauphin et celles des Anglais. Alors au plus mal, le Dauphin lui confie une armée pour délivrer la ville assiégé par les Anglais depuis octobre 1428 et qui est sur le point de capituler. Jeanne d’Arc se dirigea vers la ville avec l’armée royale et envoya aux chefs anglais le message suivant: “Rendez à la pucelle, qui est ici envoyée de par Dieu, les clés de toutes les bonnes villes que vous avez eues en France”. Galvanisés par l’énergie et la foi de celle qui se fait appeler « la Pucelle » elle redonna confiance aux soldats français et à leurs chefs. Blessée d’un trait d’arbalète à l’attaque du fort des Tourelles, elle eut le courage d’aller planter son étendard dans le talus. Elle reprendra la ville après une bataille acharnée(mai 1429). Surnommé alors la Pucelle d’Orléans elle battra les Anglais à Patay le 18 juin, multipliera les victoires et libérera de nombreuses forteresses. Jeanne entraîna le roi à Reims et le 17 juillet 1429 celui-ci est sacré dans la cathédrale de Reims. À ses côtés se tient la Pucelle d’Orléans tenant son étendard. Par l’onction du Saint-Chrême Charles devient le roi de France légitime. Jeanne avait rendu à la France un vrai roi! Mais après le temps des réussites vint celui des échecs.
Avec l’accord du roi Jeanne d’Arc tente ensuite de libérer Paris, mais cette tentative se solde par un échec. Alors qu’elle tente de sauver Compiègne assiégée elle est capturé le 24 mai 1430 sous les murs de la ville par un archer picard au service d’un seigneur bourguignon qui la vend aux Anglais par les bourguignons pour 10 000 écus. Abandonnée de tous de son roi et de son peuple, Jeanne d’Arc va subir à Rouen un procès à huis clos perdu d’avance qui finira par l’infamie du supplice. Le procès de Jeanne d’Arc s’ouvre le 9 janvier 1431 devant une assemblée de religieux et de théologiens. Ce procès mené par Cauchon Évêque de Beauvais et partisan des Anglais est truqué. Entendit-elle des vraiment des voix ? Les Anglais accusent Jeanne d’être une sorcière et une enchanteresse. A leurs yeux, Jeanne n’est pas inspirée par Dieu mais par le diable. En fait peu importe, mais les réponses de Jeanne devant ses juges seront toujours affirmatives. Elle n’hésite pas à avertir l’évêque Cauchon :« Prenez garde à ce que vous faites, parce qu’en vérité je suis envoyée de par Dieu, et vous vous mettez vous-même en grand danger. » On l’accuse donc d’être contre l’église et Jeanne fut condamné pour hérésie. Mais Jeanne est paisible, ses voix ne lui ont pas menti ; le royaume de France est sauvé. Coiffée d’une mitre ornée des mots « hérétique » et « relapse », ses deux crimes, Jeanne la pucelle sera brûlée sur la place du Vieux-Marché de Rouen vive à dix-neuf ans le 30 mai 1431. Ses cendres seront ensuite dispersées dans la Seine. Le roi Charles VII ne tentera rien pour la sauver.
Paris sera repris aux Anglais par les troupes de Charles VII en 1437 et Jeanne d’Arc sera enfin réhabilitée en 1456. Béatifié en 1909 puis canonisé en 1920 par Benoît XV et fut proclamée patronne secondaire de la France en 1922, Jeanne deviendra héroïne nationale. Un monument à Rouen lui rendra hommage 5 siècles plus tard.
Le poète François Villon écrira en 1460-61 dans sa Ballade des Dames du temps Jadis « Jeanne la bonne Lorraine » pour rappeler qu’elle était originaire de lorraine qui englobait alors les duchés de Lorraine et de Bar ainsi que les Trois Évêchés de Toul, Metz et Verdun. L’histoire de Jeanne d’Arc inspirera de nombreux auteurs comme le poète Paul Claudel qu’on peut voir sur le timbre ci-dessus.
