Il est peut-être des cathédrales aussi émouvantes que celle de Paris, il n’en n’est sans doute pas de plus achevée. Majestueuse avec ses deux tours carrées, sa façade qui est un sublime spectacle avec les trésors de ses trois portails, de sa galerie des rois et de sa rosace, Notre-Dame reste l’un des monuments les plus visités au monde. Située sur l’île de la Cité, au cœur même des pouvoirs de Paris depuis des siècles, la cathédrale Notre-Dame, magnifique monument de l’art gothique est l’un des plus grands symboles du patrimoine français. De son parvis rayonnent toutes les routes de France comme pour signifier l’importance de ce monument dans l’histoire de la capitale. C’est sous le règne de Louis VII (1120-1180) que cette nouvelle cathédrale sortira de terre.
En 1160 Maurice de Sully qui vient d’être nommé évêque de Paris décide de donner à la capitale une cathédrale digne de la première ville de France. Fils d’un tâcheron et d’une bûcheronne il est élevé chez les moines près de Sully et envoyé à Paris pour poursuivre ses études. Il intégrera ensuite le prestigieux chapitre de Notre-Dame, avant d’être élu évêque par ses pairs. Cette cathédrale sera dédiée à la Vierge Marie et construite sur l’île de la Cité. En 1160 on entreprend la destruction de la basilique antique et le 12 décembre 1162 la première pierre de la majestueuse cathédrale parisienne est posée. Dès le début de l’année suivante, la construction commence et Notre-Dame sera achevée moins de 100 ans plus tard mais il faudra attendre 1345 pour voir l’achèvement des plans originaux de ce gigantesque chantier.
Si la cathédrale actuelle date du XIIème siècle on pense aujourd’hui que la première implantation d’une cathédrale (dédiée à Saint-Étienne) dans l’île de la Cité remonte au milieu du IVème siècle, époque où le christianisme se développe grâce aux dispositions de l’empereur Constantin. Lorsque Viollet le Duc entreprend dans les années 1850 les travaux de rénovation de la cathédrale de Notre-Dame, il découvre les fondations de l’abside de la basilique chrétienne dédiée à Saint-Étienne élevée au Vème siècle et agrandie au VIème siècle et d’une église reconstruite en 807, moins de 10 ans après sa destruction par les Normands. Toutefois le caractère sacré du site remonte à bien plus longtemps puisque dès l’époque romaine, s’élevait, ici, en plein cœur de l’île de la Cité un temple en l’honneur de Jupiter.
Navire de pierre ancré au milieu de l’île de la Cité, Notre-Dame nous vient du Moyen-âge. Passant du style Roman au Gothique, la cathédrale nous a été restituée au XIXème siècle. Son parvis marque le centre de Paris et est le cœur de la France. Quand la nef de la basilique est achevée à la fin du XIIème siècle, Notre-Dame est l’édifice chrétien le plus grand du monde occidental et symbolise la richesse et la puissance de la capitale capétienne de Philippe Auguste (1180-1223). Elle le restera durant toute la première partie du XIIIème siècle, jusqu’à l’édification d’autres cathédrales, comme celles de Chartres et de Reims.
Notre-Dame est l’une des plus belles cathédrales que l’architecture gothique ait produite. Elle témoigne de la magnificence et de la capacité de renouvellement de l’architecture gothique entre le milieu du 12e siècle et le début du XIVème siècle. La simplicité et l’harmonie de sa masse imposante reposent sur un savant équilibre horizontal et vertical. Sa façade est percée de trois magnifiques portails. Au-dessus, la galerie des rois composée de 28 statues représentant les rois de la Bible, et surmontée d’une grande rosace, avec la Vierge à l’Enfant en son centre et dont les vitraux illuminent l’intérieur. Ses deux tours s’élèvent à 60 mètres de hauteur. La tour Nord abrite un escalier de 387 marches accessible au public. Tout en haut de la tour sud se trouve le fameux bourdon de Notre-Dame, une cloche de 13 tonnes dont le battant pèse 500 kg! Autrefois il fallait 8 hommes pour l’activer mais aujourd’hui son maniement est électronique. Au-dessus des trois portails, se situe la galerie des statues des 28 rois des royaumes de Juda et d’Israël, ancêtres du Christ, Celles-ci détruites lors de la Révolution seront remplacées au XIXème siècle.
La tourmente de la Révolution laissera Notre-Dame dans un bien triste état. Bien qu’’épargnée la cathédrale profanée et qui devient en 1793 le ”Temple de la raison” en sortira gravement mutilée. On envisage même de la raser et de vendre les pierres, elle échappera de justesse à la destruction. Reliquaires et vases sont envoyés à la fonte, de nombreuses statues sont détruites et de très nombreux vitraux sont cassés.
Au moment du sacre de Napoléon en 1804 on cache le visage défiguré de la vieille cathédrale par des tentures et des tapisseries qui créent l’illusion de sa beauté. Victor Hugo lance en 1831 un cri d’indignation en publiant Notre Dame de Paris, oeuvre populaire qui réveille l’opinion publique et où la cathédrale apparaît comme le symbole mystique de la cité médiévale.
Son roman, décide écrivains, artistes, hommes politiques, à demander à Louis-Philippe une restauration complète qui sera confiée à Viollet le Duc en 1845. L’entreprise est énergique, mais salutaire. S’il est possible de critiquer des points de détails, l’ampleur de vue de Viollet le duc lui a fait retrouver le souffle gothique originel. Elle sera à nouveau menacée de destruction pendant les heures tragiques de la commune ( 1871) qui allume des incendies aux quatre coins de Paris.
Notre-Dame de Paris est intimement liée au grandes heures de l’histoire de France. Depuis plus de 2000 ans elle accueille les princes et le peuple de Paris, au cœur de la nation française. L’importance historique de la basilique Notre-Dame de Paris, “paroisse de l’histoire de France” selon Michelet, est immense et dépasse le cadre de la capitale.
En 1239, Saint-Louis dépose la couronne d’épines, en attendant la construction de la Sainte-Chapelle destinée à abriter la relique sacrée. C’est aussi en ce lieu que Philippe le Bel ouvrira en 1302 les premiers Etats Généraux du Royaume de France. En l’année 1304, Philippe le Bel, entre à cheval dans Notre Dame afin de consacrer à la Vierge ses armes et son armure avec lesquels il vient de remporter une bataille. En 1431, Henri VI d’Angleterre est couronné roi de France à Notre-Dame, 15 ans plus tard Charles VII célèbre par un Te Deum la reprise de la capitale. Henri de Navarre (futur Henri IV), protestant y épousera Marguerite de Valois en 1572. Ne pouvant entrer dans l’église Notre Dame pour participer à la messe de mariage il reçoit la bénédiction sur le parvis. Il rentrera triomphalement dans Paris en 1594 après s’être converti au catholicisme et avoir été sacré roi de France. On lui doit cette phrase célèbre: « Paris vaut bien une messe”. Après avoir entendu le Te Deum pour le mariage de Louis XIV, accueilli les drapeaux pris à l’ennemi par le maréchal de Luxembourg (le tapissier de Notre-Dame), entendu les oraisons de Bossuet en 1687, la cathédrale voit le sacre triomphal de Napoléon 1er le 2 décembre 1804 par le pape Pie VII.
Dans un passé plus récent, c’est dans la plus grande émotion que le peuple parisien se recueillera à Notre-Dame, lors du magnifique Te Deum de la victoire lors de la libération de Paris le 26 août 1944. Puis vinrent les obsèques nationales du Général de Gaulle qui seront célébrés en novembre 1970. En 1980 le pape Jean-Paul II alors en voyage apostolique à Paris y présidera une messe. Le dimanche 15 novembre 2015, une cérémonie religieuse aura lieu à Notre-Dame de Paris à l’intention des victimes des attentats sanglants qui ont eu lieu dans notre pays cette année là.
« Tous les yeux s’étaient levés vers le haut de l’église. Ce qu’ils voyaient était extraordinaire. Sur le sommet de la galerie la plus élevée, plus haut que la rosace centrale, il y avait une grande flamme qui montait entre les deux clochers avec des tourbillons d’étincelles, une grande flamme désordonnée et furieuse dont le vent emportait par moments un lambeau dans la fumée » Notre-Dame de Paris (1831) – Victor Hugo.
Lundi 15 avril 2019 aux alentours de 18h50, un terrible incendie « probablement lié » aux travaux de rénovation de l’édifice se déclare dans les combles de la cathédrale Notre-Dame de Paris. D’immenses flammes dévorent la toiture et vers 19h50, la flèche de la cathédrale, l’un des symboles de Paris avec ses 93 mètres de hauteur, ses 500 tonnes de bois et ses 250 tonnes de plomb s’effondre. Après plusieurs heures d’intervention, les pompiers de Paris, réussiront, en fin de nuit a venir à bout de l’effroyable l’incendie qui a ravagé la cathédrale, joyau de l’art gothique. En quelques heures, le feu a ravagé les deux tiers de la charpente fabriquée avec le bois de chênes ayant poussé il y a plus de mille ans et une bonne partie du toit de Notre-Dame est réduit en cendres. Après plus de 9 heures d’un feu ravageur il ne reste plus rien de la charpente, surnommée la «forêt», qui date du XIXe siècle d’un côté et du XIIIe de l’autre. Si la couronne d’épines et la tunique de Saint-Louis ont été « sauvées » tout comme les vitraux et le grand orgue de la cathédrale, en revanche, la charpente, des tableaux et quelques reliques ont été détruits. La structure est quant à elle sauvée et préservée dans sa globalité (ainsi que les tours et le beffroi) mais il est certain que ce monument de renommée internationale mettra des années pour retrouver sa splendeur d’origine et que certaines œuvres d’art sont perdues à jamais.
Cet article est téléchargeable au format exposition: La Cathédrale Notre-Dame de paris à travers les timbres
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