Depuis la fin du XIXe siècle, d’extraordinaires efforts ont été accomplis pour lutter contre les agents infectieux, avec un succès spectaculaire. Mais les alertes aux nouveaux virus se sont multipliées. Favorisées par l’évolution des modes de vie, plus de 350 nouvelles maladies infectieuses sont apparues : SRAS, H5N1, Ebola. Une émergence de virus qui semble s’accélérer. Sur ces nouvelles maladies infectieuses découvertes depuis 1940, 154 sont causées par des virus dont les trois quarts sont des zoonoses provenant de la faune sauvage, c’est-à-dire des infections transmissibles de l’animal à l’homme. Parmi les grands fléaux de l’Histoire, les épidémies de maladies infectieuses représentent une redoutable force meurtrière. L’histoire est traversée d’épisodes infectieux qui ont décimé des populations. Peste, grippe espagnole, variole, polio, cholera, sida… Ces noms font froid dans le dos. Unanimes, les experts s’interrogeaient : quand une nouvelle épidémie mondiale frappera-t-elle ?
Aujourd’hui le Coronavirus (SARS-CoV-2), COVID-19, qui affecte tous les continents et frappe tous les pays européens représente la plus grave crise sanitaire qu’ait connue la France depuis un siècle. Jamais observé jusque-là, ce virus à l’origine mystérieuse, le Covid-19 est le dernier né d’une famille bien connue : les coronavirus.
L’Iran a sorti un timbre commémorant les efforts de ceux et celles qui combattent le coronavirus covid19.
Entourés d’une capsule de protéines en forme de couronne (« corona » en latin), ces virus dont certaines souches peuvent provoquer des maladies bénignes chez l’homme sont très courants chez certains animaux, comme la chauve-souris et le dromadaire. Si la plupart des coronavirus entraînent des rhumes ou des syndromes grippaux bénins, certains sont bien plus sérieux comme le SRAS-CoV (syndrome respiratoire aigu sévère) qui s’avère redoutablement contagieux, provoquant des pneumonies aigües parfois mortelles et qui a tué environ 800 personnes en 2003, ou le MERS-CoV (syndrome respiratoire du Moyen-Orient – Middle East Respiratory Syndrome coronavirus), apparu en 2012 et est responsable de plus de 500 morts.
Mais cette crise est loin d’être une première dans l’histoire pour notre vieux monde. Depuis la nuit des temps l’espèce humaine a dû affronter bien des cataclysmes viraux, bien des maladies dont la menace sur le futur de l’Humanité ont été à bien des égards, marquantes. La première référence à une épidémie est un document du médecin grec Hippocrate qui, il y a quelque 2400 ans, décrit une épidémie de toux qui sera suivie de pneumonies et autres symptômes typiques, dans le nord de la Grèce. Cette vague de fièvre typhoïde (appelé aussi Peste d’Athènes) frappa le berceau de la démocratie entre 430 et 426 ans avant notre ère et marqua le début du déclin de l’âge d’or athénien. Le nom de peste, vient du latin « pestis » (fléau), qui désigne alors une maladie contagieuse. Elle aurait emporté un tiers de la population de cette cité grecque, qui comptait à l’époque environ 200.000 habitants.
Depuis, de nombreuses épidémies ont été décrites et il y a en moyenne 3 pandémies par siècle depuis au moins le XVIème d’après les textes qui sont parvenus jusqu’à nous. Mais une des pandémies les plus dévastatrices est celle que nous connaissons sous le nom de « peste noire », qui s’est propagée durant plusieurs années au XIVème siècle et dont il a été prouvé qu’elle a causé la mort de 25 millions de personnes en Europe, ce qui équivaut à un tiers de la population du continent à ce moment-là. Mais la plus connue et la plus meurtrière fut la pandémie de grippe dite « grippe espagnole ». Les estimations de l’époque donnent plus de 20 millions de victimes dans le monde entre 1918 et 1919 mais d’après l’Institut Pasteur cette pandémie a fait de 20 à 50 millions de morts et peut-être jusqu’à 100 millions selon certaines réévaluations récentes (soit 2,5 à 5 % de la population mondiale).
Epidémie ou Pandémie:
Une épidémie (du grec « epi », qui signifie au-dessus, et « demos », peuple) est la propagation rapide d’une maladie infectieuse à un grand nombre de personnes, le plus souvent par contagion. Si elle reste contenue dans une zone bien définie du globe, on ne parle pas de pandémie.
Le mot pandémie (du grec « pan », qui signifie tous), lui, s’applique en cas de propagation à la population de tout un continent voire du monde entier. Seule l’OMS peut déclarer une pandémie.
Des virus émergents qui ne datent pas d’hier:
On pense aujourd’hui que c’est le virus de la peste porcine qui a donné naissance en Asie à la rougeole humaine entre les XIème et XIIème siècle. Par ailleurs, des souches émergentes d’influenza (grippe) ont régulièrement provoqué des épidémies massives, à l’image de la grande pandémie de grippe espagnole (H1N1) de 1918 qui a infecté 500 millions de personnes à travers le monde, y compris dans les îles isolées du Pacifique et l’Arctique et qui a fait environ 50 millions de morts. Ou encore la grippe asiatique de 1957 (H2N2), 2 millions de morts, et celle de Hong-Kong 1968-9 (H3N2) qui a gagné l’Europe, avec 1 million de morts dans le monde dont 40.000 en France. N’oublions pas non plus le VIH (virus de l’immunodéficience humaine ou SIDA/AIDS), qui est le prototype même du virus émergent qui n’a, hélas, que trop bien réussi à se banaliser grâce à son adaptation rapide à l’homme. À l’instar du virus de l’hépatite C, il possède une longue période d’incubation, qui lui a permis de se répandre en silence pendant des années avant d’être identifié. On estime d’ailleurs que le VIH a fait son apparition chez l’homme au début du XXème siècle et qu’il infectait déjà des centaines de milliers d’individus lorsqu’il a été décrit pour la première fois en 1982.
Pour autant, le XXIe siècle n’est pas en reste en matière d’épidémie.
Les épidémies de maladies infectieuses ont tués plus d’êtres humains au cours de l’histoire que toute autre cause. Grâce aux progrès de la médecine, en particulier en termes de vaccination et d’antibiotiques, ainsi qu’aux efforts déployés pour améliorer l’environnement urbain au milieu du 20e siècle, on croyait l’époque des grandes épidémies révolue. Pourtant, en ce début de 21e siècle, nous sommes confrontés à un retour des épidémies aggravé par la dégradation de l’environnement et la surpopulation. Alors, faut-il vraiment avoir peur ? À cette question on pourrait réponde: « On ne devrait pas, mais, néanmoins, on a peur. Face à des virus à transmission respiratoire, nous sommes tous à risque et comme on voyage aujourd’hui très vite, les virus se déplacent aussi rapidement. »
Fin 2002, le Syndrome respiratoire aigu sévère (SARS-Cov) émerge dans le sud de la Chine, transmis de la chauve-souris (son « réservoir naturel ») à l’homme par la civette, un mammifère sauvage vendu vivant sur des marchés chinois pour sa viande. Il s’avère redoutablement contagieux, provoquant des pneumonies aigües parfois mortelles. À partir du printemps 2003, il est à l’origine d’une véritable psychose en Asie. L’épidémie touchera finalement une trentaine de pays, mais avec un bilan limité, la Chine et Hong Kong concentrant 80% des victimes, mais avec un taux de mortalité de 9,5%.
Si la grippe aviaire A(H5N1) tue pour la première fois à Hong Kong en 1997, causant la mort de six personnes elle réapparaît en 2003 en Asie du Sud-Est, faisant un total de 282 décès pour 468 cas dans 15 pays. Mais ce virus sévit essentiellement chez les oiseaux, surtout les volailles d’élevage, et les infections chez l’homme sont dues à des contacts directs avec ces animaux. On ne peut donc pas parler d’épidémie humaine de grippe aviaire, la transmission interhumaine étant inefficace ou minime. La crainte est une évolution du virus vers une forme facilement transmissible d’homme à homme.
En 2009, une nouvelle souche de grippe déferlait sur le monde entier depuis le Mexique. D’abord nommée grippe « porcine » par l’OMS cette épidémie devient pandémique le 11 juin 2009. Ce nouveau virus A(H1N1), qui a commencé au Mexique, a tué plus de 18.500 personnes. Mais ce virus s’avère finalement bien moins meurtrier que redouté.
Le coronavirus responsable du syndrome respiratoire du Moyen-Orient (MERS-CoV) a profondément marqué l’actualité médicale de 2013. Les premiers cas d’infection par le MERS-CoV remontent à 2012, en Arabie Saoudite. Le MERS-CoV partage le même handicap que beaucoup d’autres virus émergents : il se transmet très mal d’un humain à l’autre mais a un taux de mortalité d’environ 30%. 1 589 cas et 567 décès dans 26 pays ont été enregistrées.
Entre 2013 et 2016, Ebola a fait 11.300 morts en Afrique de l’Ouest. La première épidémie recensée d’Ebola date de 1976, suite à l’exploitation forestière, qui a mis des communautés rurales africaines en contact avec les grands singes, eux-mêmes déjà contaminés par les chauves-souris, il a déclenché une épidémie de fièvre hémorragique en Guinée, en Sierra Leone et au Liberia. Le virus est réapparu en août 2018 dans l’Est de la République démocratique du Congo, où il a fait, à ce jour, plus de 2.200 morts.
Tous ont en commun d’être des virus dits émergents, c’est-à-dire des agents pathogènes jusqu’ici inconnus chez l’homme.
Les maladies infectieuses ont continuellement accompagné notre espèce et la rougeole et le paludisme tuent encore plusieurs millions d’enfants chaque année. Le développement des conditions d’hygiène, les vaccinations, la large utilisation des insecticides, puis des antibiotiques conduisirent à une diminution phénoménale de la part des maladies infectieuses dans la morbidité et la mortalité. Pour la deuxième fois seulement dans l’histoire de l’humanité (après la variole en 1980), nous sommes sur le point d’éradiquer une maladie : le poliovirus. Il serait de tous les virus à ARN l’un des plus mutagènes, bien plus encore que le virus de la grippe. Un partenariat public-privé international a permis de réduire son incidence de 99,9 % ces 30 dernières années. Depuis les années 1980, la situation s’est retournée et de nombreuses nouvelles maladies infectieuses sont apparues.
Quels gestes à adopter pour limiter la propagation des virus?
L’OMS (Organisation mondiale de la santé) recommande d’adopter une série de « gestes barrières», tels que l’application scrupuleuse des règles d’hygiène de base: se laver les mains très régulièrement (avec une solution hydroalcoolique ou du savon et de l’eau), éternuer ou tousser dans son coude, utiliser des mouchoirs jetables, aérer les pièces et évitez tout contact étroit avec des personnes malades. Toutes les personnes malades doivent porter un masque pour éviter de contaminer les gens autour d’eux.
Vous pouvez lire ce dossier hors-connexion sur les épidémies à travers la philatélie en le téléchargeant :
dossier-les-epidemies-a-travers-la-philatelie.pdf