Au petit matin du 28 avril 1796, la malle poste Paris-Lyon est découverte abandonnée et pillée près de Lieusaint, au coin du chemin qui coupe la grande route et mène à Savigny en forêt de Sénart. Trois personnes avaient pris place dans cette malle-poste partie le jour précédent ( 8 floréal an IV – 27 avril 1796), vers cinq heures du soir de la cour du départ des postes de Paris: Audebert le postillon, Excoffon le courrier et un mystérieux voyageur. Deux des trois chevaux sont retrouvés près de là. Le courrier et le postillon sont morts. Le postillon , déchiré de coup de sabres, et celui d’Excoffon le courrier, la gorge coupée et le corps percé de trois coups de poignard.
Les brigands de grands chemins. L’attaque du courrier de Lyon entre Lieusaint et Melun. Illustration parue dans le « Petit Journal illustré » du 8 Décembre 1907.
La malle-poste qui transportait quelques dépêches ainsi que 15000 livres en or et numéraires et sept millions d’assignats dans six caisses de bois destinés à l’armée de Bonaparte en Italie sans autre garde qu’un courrier, sans autre escorte qu’un postillon et malgré l’insécurité des routes infesté de brigands avait été « braqué ». Le troisième cheval, qui avait disparu fut retrouvé le lendemain errant dans les rues de Paris. Mais aucune trace du troisième homme: disparu lui, sans laisser de traces. De quoi laisser planer de sérieux et légitimes soupçons quant à sa participation dans ce braquage. La liste des paquets de courrier chargé dans la malle poste a été retrouvée sur les lieux du crime, tachée de sang.
L’admission des citoyens munis d’un passeport dans les voitures des courriers n’est autorisé par l’Administration qu’a partir du 1er nivôse an II. ( 21 décembre 1793). Mais uniquement si le volumes des dépêches le permettait et sous le contrôle du directeur du bureau de Poste. Cependant moyennant « rétribution » il n’était pas rare que le courrier prenne des voyageurs en cours de route.
Cartes des environs de Paris: Les lieux ou se sont déroulé l’affaire du courrier de Lyon.
C’est le début de l’affaire du courrier de Lyon restée célèbre par l’exécution d’un innocent. Trois individus furent identifiés comme étant les auteurs de ce crime : David Bernard, Etienne Courriol et Joseph Lesurques ce dernier accusé par la déposition de deux témoins qui le reconnaissent comme un des auteurs du meurtre. Joseph Lesurques bien qu’innocenté par ses coaccusés protesta et clama son innocence mais en vain, il fut avec eux, condamné à mort et exécuté le 3 octobre 1796. Ce n’est que plus tard que fut arrêté le véritable assassin, un certain Dubosc qui ressemblait étrangement à Lesurques. Ce qui explique que les témoins aient été trompés par cette ressemblance. Dubosc avoua le crime et fut à son tour jugé, condamné à mort et exécuté. L’instruction et le procès de l’affaire du courrier de Lyon sont aujourd’hui regardés comme des exemples d’une justice approximative et trop rapide. L’erreur judiciaire qui en a résulté à conduit Joseph Lesurques un innocent sur l’échafaud.
L’affaire du courrier de Lyon. Les Procès Lesurques, Durochat, Vidal, Dubosq et Béroldy. Par Gaston deloyen Avocat a la cour d’Appel de Paris. ( Livre 1905 au format pdf)
