Avant 1795, la plus grande anarchie régnait en France concernant les poids, les mesures et les systèmes de calcul, différents d’une province à l’autre et même parfois entre deux villes d’une même région. Au moyen-âge en effet seuls les seigneurs avaient droit d’étalonnage: avantage certain pour remplir leurs caisses que celui d’auto décréter la mesure de son étalon à une époque ou l’impôt était leur revenu principal. Résultat : le pays possédait autant d’étalons que de provinces. Il faut attendre la Révolution française pour que l’Académie des sciences soit chargée de fixer les éléments d’un système. Le 06 mai 1789, nombreuses sont les revendications d’unifier et de normer les systèmes de mesures dans les cahiers de doléances rédigés par le peuple et remis à Louis XVI lorsque celui-ci convoque les états généraux. Le 16 février 1791, sur la proposition Du Chevalier Jean-Charles de Borda ( inventeur du pendule et du « cercle répétiteur » qui portent son nom) une commission chargée de fixer la base de l’unité des mesures est constituée. Très rapidement, l’assemblée nationale vote la création d’un système de mesure qui devra délivrer une information stable, simple et équivalente: le 26 mars 1791 naissait le mètre; ces recherches aboutiront à l’adoption du système de calcul simple que nous utilisons encore aujourd’hui « le système métrique ». Mais pas moins de 188 années seront nécessaires pour définir son exacte mesure.
Le timbre ci-dessus symbolise les travaux réalisés en 1795 par deux scientifiques, Jean-Baptiste DELAMBRE (1747-1822) et Pierre-François MECHAIN (1744-1804) qui, à la demande de l’académie des sciences composé d’une commission de savants (Condorcet et Borda), et de mathématiciens (Monge et Lagrange), s’en furent faire la mesure entre Dunkerque et Barcelone, du quart de méridien terrestre dont le dix millionièmes donnera « le mètre ». Objectif de ces travaux : définir l’exacte longueur du mètre. L’émission de ce timbre a été demandée par le directeur du bureau international des poids et mesures qui souhaitait rappeler le rôle éminent de la France dans l’adoption du système métrique: sur le timbre sera mentionné « A tous les temps à tous les peuples ». Mais il faudra attendre le 1er janvier 1840 pour que le système métrique décimal soit rendu obligatoire en France par le décret d’application de la loi du 4 juillet 1837.
Lagrange Condorcet et Monge 3 des membres de la commission chargée de fixer la base de l’unité des mesures.
La définition du mètre de Delambre et Méchain n’allait durer que quatre ans. En effet, en 1799, il devient l’équivalent de 3 pieds et 11,296 lignes de la Toise de Paris (une mesure ancienne). Dix ans plus tard, enfin, à la suite d’une conférence internationale, il représente la distance séparant les deux axes de deux traits médians tracés sur un prototype en platine iridié (dit mètre des Archives) conservé à 0°C de température. Cette dernière définition sera utilisée jusqu’en 1960, date à laquelle on découvre un nouvel étalon, cent fois plus précis que le précédent: la radiation du kryton 86 (un des gaz rare du même nom) dans le vide. Le mètre est égal à 1650763,73 fois la longueur d’onde de ce gaz. Une cinquième définition a été adoptée en octobre 1983. Elle s’appuie dur une constante physique universelle, la vitesse de la lumière dans le vide (299762458 mètres par seconde).
LA CONVENTION DU METRE.
L’unité de mesure de base étant déterminée, il suffisait désormais d’établir toutes les autres unités de mesure: mètre carré et mètre cube, litre, gramme, etc… car ce nouvel étalon permettait une meilleure définition des sept autres unités de mesures dont on voit les abréviations sur le timbre ci-dessous consacré à la convention du mètre. (en partant du haut et dans le sens des aiguilles d’une montre:
–m pour mètre (mesure des distances).
–cd pour candel (intensité lumineuse).
–mol pour mole ( molécule gramme, unité de mesure de la quantité de matière).
–k pour Kelvin (température thermodynamique).
–A pour ampère (intensité du courant électrique).
–s pour seconde (mesure du temps)
–kg pour kilogramme (mesure de poids)
Le système métrique introduit par la France en 1799 a depuis lors, été affiné de nombreuses fois et est devenu un système international décimalisé de mesure qui est bien accepté. Bien que le succès du système métrique fut considérable car favorisant les échanges en facilitant les transactions, le conditionnement des denrées et l’unification des normes, son adoption ne se fit pas en un jour. Si l’Europe continentale l’adoptera dès le début du XIXème siècle à la faveur des guerres révolutionnaires puis napoléoniennes, la Chine et la Russie l’adopteront ensuite après les révolutions de 1911 et 1917. Quant aux pays anglophones ils se rallieront au système métrique beaucoup plus tardivement, en raison de l’existence de systèmes bien constitués: système impérial pour le commonwealth et système US standart pour les Etats-Unis. Au Royaume-Uni, le système impérial n’a été définitivement abandonné qu’en 1995 et le système US standart (semblable au système impérial britannique) est toujours en vigueur.