Au début des années 20, la petite monnaie, ou « mitraille » comme on l’appelle alors, se fait rare. Comment faire l’appoint? Un inventeur, Edouard Bouchaud-Praceiq à alors une idée simple et pratique: remplacer les pièces par des timbres-poste neufs, en plaçant ceux-ci dans une capsule transparente. Ces objets, à la frontière de la numismatique et de la philatélie, et que l’on appelle timbres-monnaie rencontreront un vif succès. Ce n’est toutefois pas la première fois que des timbres-poste pallient à la raréfaction des pièces. En effet, c’est aux États-Unis qu’apparurent les premiers timbres-monnaie, lors de la lors de la guerre de Sécession (1861-1865) grâce à John Gault qui déposa un brevet le 12 août 1862. De nombreux pays émettront ensuite des timbres-monnaie, dont l’Espagne, l’Allemagne, le Danemark, l’Autriche ou encore l’Italie jusque dans les années 1970.
De fabrication privée, leur but fut de suppléer la pénurie de petite monnaie. ils contenaient un timbre-poste officiel (que l’on pouvait récupérer pour mettre sur une lettre) et furent utilisés largement dans la vie quotidienne en des temps difficiles. Le dos des capsules de timbres-monnaie était utilisé pour de la publicité. Publicité destiné bien évidemment à rentabiliser les frais de fabrication et de mise en circulation.
En France, les timbres-monnaies apparurent à la suite de la première Guerre Mondiale pour disparaître en 1924, quand la petite monnaie en métal fut à nouveau disponible en quantité suffisante. Au tout début, les timbres circulèrent de main en main sans aucune protection mais très vite on se rendit à l’évidence qu’il était indispensable de les protéger et on les inséra dans de petites pochettes translucides de cellophane fermées par une étiquette publicitaire.
Ces timbres en sachets se révélant trop fragiles, Edouard Bouchaud-Praceiq inventa un procédé pour fabriquer des timbres-monnaie métalliques dont il déposa le brevet le 29 mars 1920. Le lendemain, il céda la licence et les droits d’exploitation à Robert Binds Shedler qui possédait une entreprise spécialisée dans l’estampage et l’impression sur fer-blanc, celui-ci déposant alors la marque FYP (Fallait Y Penser). Il s’agissait donc de petits boîtiers ronds (33mm) en métal retenant prisonnier le timbre entre la paroi métallique et une rondelle transparente de mica ou de cellophane. Cette paroi métallique était réalisée : soit en aluminium ou en fer-blanc estampé c’est-à-dire présentant une impression en relief sans couleurs, soit en fer-blanc avec une impression en plusieurs couleurs à plat, sans relief. Le prix de revient étant assez élevé, c’est la réclame (déjà ! ) qui va amortir le coût de fabrication et permettre une grande diffusion. Il est bon de savoir que les contrefaçons seront punies… Cette réclame va séduire particulièrement les banques dont le Crédit Lyonnais.
Les timbres français le plus souvent utilisés sont de type Semeuse à 5, 10 ou 25c. :
-Pour les timbres en sachets : le n°130 semeuse lignée vert 15c (Au bon marché, Paris, etc), le n°137 semeuse vert foncé 5c (Au grand Paris, etc), le n° 138 semeuse rouge 10c (Castel- Chabre, Toulon, etc), le n°140 semeuse bleu 25c (Canton Droguerie, Bayonne, etc), le n°158 semeuse orange 5c (Allez frères, Bordeaux, etc), le n°159 semeuse vert 10c (Bellamy, Paris) et le n° 170 Pasteur vert 10c (Ville de Madrid, Bayonne).
– Pour les timbres en boîtiers métalliques : le n° 107 « type Blanc » ardoise 1c (Berlan Lederlin, Paris), le n°130 (Alimentation Piétri, Marseille, etc), le n°137 (Banque Boutin, Dinard, etc), le n° 138 (Crédit Lyonnais, etc), le n°140 (Crédit Moderne, Nîmes, etc), le n°158 (Bière Gangloff, etc) et le n°159 (Galerie Lafayette, St Nazaire, etc).