Dans l’histoire diplomatique de la guerre froide, la crise des missiles de Cuba restera sans aucun doute la plus grave, la plus intense et la plus dangereuse. En 1959, Ernesto « Che » Guevara et Fidel Castro prennent le pouvoir à Cuba et mettent en place un régime communiste. Ce régime ne convient pas aux États-Unis qui soutiennent les partisans de l’ancien dictateur Batista. Les Américains organisent alors un débarquement dans la baie des Cochons le 17 avril 1961 qui sera un fiasco. Le 25 janvier 1962, l’OEA (Organisation des États américains) met alors en place un embargo contre Cuba.
Cuba est presque totalement isolé et Fidel Castro craignant le renversement de son tout jeune régime communiste, se rapproche alors de l’URSS. Le 14 octobre 1962, des cargos soviétiques chargés de missiles nucléaire en route vers l’île de Cuba sont repérés par l’aviation américaine et un U2, avion d’espionnage en haute altitude prend des clichés photographique de rampes de lancement de fusées à moyenne portée soviétiques. Cuba n’est qu’à une portée de tir (environ 150 km), et toutes les villes de la côte Ouest des Etats-Unis, y compris New-York et Washington se retrouvent sous la menace de ces missiles. La CIA a établi que cinq batteries de missiles nucléaires sont prêtes à l’emploi. Le président américain, Kennedy, décide alors d’imposer un blocus maritime à Cuba en fermant les voies d’accès et il adresse un ultimatum à l’URSS pour que celle-ci retire du territoire cubain ses rampes de lancement.
Américains et Soviétiques s’observent et l’humanité retient son souffle; la moindre tentative des bateaux et sous-marins soviétiques de forcer la quarantaine américaine peut mettre le feu aux poudres à tout moment et provoquer un conflit ouvert entre les États-Unis et l’Union soviétique. Une épreuve de force s’engage à Cuba: pendant quinze jours, le monde se trouve au bord de l’affrontement nucléaire. Fidel Castro est favorable à une attaque nucléaire contre les Etats-Unis, mais Khrouchtchev est conscient des conséquences possibles d’une « guerre d’anéantissement ». Au dernier moment et après de nombreux contacts entre les deux grands blocs, notamment via l’intermédiaire des Nations unies, un compromis tombe: les bateaux soviétiques acceptent de rebrousser chemin tandis que les Américains s’engagent à ne pas envahir Cuba et à retirer leurs fusées de Turquie. Le 28 octobre, la guerre nucléaire est évitée de justesse. Le 20 novembre suivant, la quarantaine est levée.
Le 20 novembre 1962, le président John F. Kennedy lève le blocus naval de Cuba, mettant fin à la menace de guerre atomique avec l’Union soviétique. Devant tant de danger, il est important que les 2 Grands se rapprochent et évitent tout dérapage. Une ligne spéciale est posée entre les bureaux des deux chefs d’état: surnommée le « téléphone rouge », la connexion est établie le 20 juin 1963 pour faciliter les communications entre Kennedy et le premier ministre soviétique, Nikita Khroutchev. JFK fut le premier président des Etats-Unis à avoir échangé une conversation télégraphique directe, en temps réel, entre la maison blanche et le Kremlin, à Moscou, suite à cette crise des missiles de Cuba.
Pendant cette crise, il fallait en effet près de douze heures aux deux camps pour recevoir et décoder les messages cryptés. Ce nouveau médium constitua un pas en avant crucial dans la simplification des échanges politiques.