Dans la salle de contrôle de vol Apollo de la Nasa, à Houston, tout le monde retient son souffle : « 30 pieds, tu descends à deux et demi… Je vois l’ombre… Plus en avant, tu glisses à droite un peu… OK, ça descend… Il reste 30 secondes de fuel… OK, c’est bon, signal de contact, moteur arrêté… » Quelques secondes de silence et venant de presque 400 000 kilomètres la voix de Neil Armstrong : « Houston, ici la base de la Tranquillité. L’Aigle a aluni.» Dans la nuit du 20 au 21 juillet 1969 à 3 heures 56 heure française, plus de 500 millions de téléspectateur étaient au rendez-vous pour suivre l’épopée d’Apollo 11, la première mission spatiale humaine sur la lune. L’astronaute américain Neil Armstrong est le premier homme à poser le pied sur la Lune.
En posant le pied sur le sol lunaire, le commandant de la mission Apollo 11, Armstrong prononcera cette phrase désormais restée mythique : « C’est un petit pas pour l’homme, un bond de géant pour l’Humanité ». Buzz Aldrin le suivra ensuite : ils deviennent ainsi les premiers humains à poser le pied sur le sol lunaire. Tout le monde a déjà entendue cette phrase au moins une fois, et tout le monde sait à quoi elle se rapporte. En pleine Guerre froide contre l’Union soviétique, cette conquête symbolique de la lune par Neil Armstrong et de ses coéquipiers de la mission Apollo 11 avait donné aux Etats-unis, aussi enlisé dans le conflit au Vietnam, un puissant motif de fierté nationale. Ce premier pas de l’homme sur la Lune est l’évènement astronautique le plus emblématique, le plus symbolique, de notre histoire technologique. Pas moins de 380 000 personnes soit une par kilomètre qui sépare la Terre de la Lune travailleront de près ou de loin au programme Apollo.
L’humanité fête cette année les 50 ans de l’un des plus grands moment de son histoire: le premier pas sur la Lune. Une aventure humaine, sociale et technique sans précédent. “Nous choisissons d’aller sur la Lune non pas parce que c’est facile mais parce que c’est difficile”, avait déclaré le président américain John Fitzgerald Kennedy en septembre 1962. Force est de constater que depui l’espace à bien changé. La conquête de l’espace à fait place à une exploitation presque ordinaire. Des hommes habitent l’espace en permanence depuis plus de 20 ans, à bord de l’ISS et des touristes devraient sous peu commencer à le sillonner. Mais à l’époque, l’entreprise ne semblait pas seulement difficile mais tout simplement impossible. Aux yeux du public, ce pari, qui se double d’un défi aux Soviétiques, semble fou, irréalisable. En fait, Kennedy prend un risque calculé. Les énormes moteurs F1 qui équiperont le premier étage de la future fusée lunaire étaient déjà en cours de développement depuis 1956, pour un programme militaire.
Pour identifier les possibles zones d’atterrissage du module (LEM) Eagle de la mission Apollo 11, 99% de la surface lunaire sera photographié entre 1966 et 1967 par cinq satellites Lunar Orbiter.
Cet exploit sera répété six fois jusqu’à la dernière mission du programme spatial américain, Apollo 17, en décembre 1972. Depuis lors, l’homme s’est contenté de faire des tours en orbite autour de la Terre. Et c’est pourquoi Apollo reste jusqu’à maintenant l’apogée de l’aventure spatiale humaine. Ce petit pas pour l’homme, mais ce bond de géant pour l’humanité, aura coûté une fortune aux Etats-Unis. On estime que le programme Apollo a englouti 25,4 milliards de dollars soit 4,5 % du PIB américain de l’époque, soit l’équivalent de 151 milliards d’euros actuels.
En attente, sur le pas de tir n°39 de cap Canaveral (Floride), la fusée la plus puissante du monde, Saturn V, un monstre de 3000 tonnes doit propulser trois astronautes dans l’espace. Sa destination: la Lune. Plus haute que la statue de la Liberté, c’est une des machines les plus folles jamais construites par l’homme. Parce que l’histoire commet ce genre d’ironie, la Nasa va profiter des talents d’un ancien ennemi, l’ingénieur allemand Wernher von Braun, qui a créé le missile balistique de triste mémoire, le V-2. Le 2 mai 1945, il s’était rendu aux Américains, qui l’avaient alors exfiltré dans le cadre de l’opération Paperclip avec des centaines de ses collaborateurs. Von Braun deviendra ensuite responsable du centre de vol spatial Marshall créé par la Nasa et devra imaginer une fusée et des moteurs capables non seulement d’atteindre la vitesse de satellisation, mais de la faire dépasser par un vaisseau pour l’extraire de l’orbite terrestre. pour cela il faut pousser un objet de 3000 tonnes à 11,2 km/s (40 320 km/h) ! Saturn V réussira toutes ses missions (32 fusées lancées de 1961 à 1973 – aucun échec) et reste, à ce jour, le plus puissant lanceur de l’histoire jamais construit.
Le 16 juillet 1969, par une belle matinée d’été, a plus de 110 mètres de hauteur au sommet de la fusée, le commandant Neil Armstong, Buzz Aldrin et Michael Collins ont pris place à bord du module Columbia. Armstrong a choisi ce nom d’après son livre de chevet, De la terre à la Lune, de Jules Verne: le canon qui envoie dans l’espace les héros de Jules Verne est un “Columbiad”. A 14h32, la mission Apollo 11 décolle de cap Canaveral, sous le regard d’un million de personnes massées sur la côte de Floride. La combustion de ses deux premiers étages permet à la fusée de quitter l’atmosphère. Reste le 3ème étage (le vaisseau) constitué du module de commande et du module lunaire. Ce vaisseau se met en orbite à environ 185 km de la terre. Après avoir parcouru plusieurs fois cette orbite terrestre, le vaisseau se propulse dans l’espace, rejoignant l’orbite lunaire le 20 juillet. Puis le module lunaire Eagle se détache et entame sa descente vers la Mer de Tranquilité pour atteindre la lune à 21h17 (21 juillet, 3H56 heure française), alors que Collins reste dans le module de commande Columbia autour de la Lune. Les États-Unis ont battu la Russie, certes. Mais ce que tout le monde voit, c’est l’accomplissement d’un rêve millénaire. Après l’alunissage du module lunaire Eagle, Neil Armstrong fait le grand saut et sera rejoint 20 minutes plus tard par Aldrin. Le premier pas sur la Lune est de ces événements qui font que tous ceux qui l’ont vécu se souviennent où ils étaient à cet instant précis.
Il y a 50 ans jour pour jour, l’alunissage du module lunaire Eagle dans la Mer de la Tranquillité a été un bond pour l’Humanité ». Les deux pionniers explorent les environs du module lunaire pendant deux heures et demie durant lesquelles ils collecteront 21,7 kilos de roches et de sol lunaire. Ils prennent des photographies, et installent des équipements scientifiques notamment pour la mesure du vent solaire. Ils font aussi une série d’exercices de mouvement sur un sol où la gravité ne représente que 20% de celle qui règne sur la Terre.
En souvenir de ce premier alunissage, les astronautes américains plantent sur le sol lunaire un drapeau américain, et y dépose une plaque d’acier inaltérable sur laquelle on peut lire : « C’est ici que des êtres humains de la planète Terre posèrent pour la première fois le pied sur la Lune, en 1969 après J-C. Nous sommes venus en paix pour toute l’Humanité. Neil A. Armstrong, astronaute, Edwin E. Aldrin, astronaute, Michael Collins, astronaute, Richard Nixon, Président des Etats-Unis d’Amérique ».
Sur les timbres ci-dessus on peut voir Neil Armstrong descendre du module lunaire Eagle et poser son pied gauche sur la surface lunaire.
Le 20 juillet (21 pour la France), 500 millions de personnes, soit 13 % de la population mondiale de l’époque, suivent en direct, à la radio ou devant des écrans noir et blanc, le petit saut qu’Armstrong accomplit, lâchant l’échelle du module lunaire (LEM), pour toucher le régolithe. Le régolithe est cette fine couche de poussière grise qui recouvre l’intégralité du la surface du seul satellite naturel de notre planète soumise au bombardement incessant des météorites : elles ont broyé les roches de la croûtes superficielle en fragments de toutes dimensions, jusqu’à des tailles de quelques micromètres.
L’image de l’empreinte (timbres ci-dessus) dans le régolithe et qui est très connue, est souvent prise à tort pour le premier pas d’Armstrong sur la Lune. Il montre en réalité un des pas laissés par Aldrin et photographié par lui-même car le premier pas d’Armstrong effectué à l’ombre du module lunaire Eagle n’a jamais été photographiée.
Après avoir passé 21 heures et 36 minutes sur le sol lunaire, l’équipage reprend le chemin inverse, le moteur d’Eagle permet à Armstrong et Aldrin de rejoindre Collins dans le module de commande sur orbite pour préparer le voyage de retour. Le LEM quant à lui finira par s’écraser quelques heures plus tard sur la Lune.
A quelques heures du retour sur Terre, c’est le moment pour les astronautes de livrer, chacun leur tour, leurs impressions en direct à la télévision. Buzz Aldrin va lire un psaume de la bible, Michael Collins va s’adresser aux téléspectateurs pour rappeler l’extraordinaire complexité de la fusée et Neil Armstrong, une fois de plus, rend hommage à Jules Verne. Ils amerrissent dans le Pacifique le 24 Juillet à 17 h 51 ou leur capsule touche le Pacifique dans la zone prévue et à proximité du porte-avion USS Hornet où les attend le président américain Nixon. La mission Apollo 11 est une réussite !
Après l’amerrissage de sa capsule au large d’Hawaï, le 24 juillet 1969, l’équipage d’Apollo 11 attend dans un canot de sauvetage l’hélicoptère qui va le conduire à bord du porte-avion USS Hornet ou le président Nixon accueillera à son bord les trois hommes.
La première expédition humaine sur la Lune s’achève mais ce ne sera qu’après 21 jours de quarantaine que les 3 astronautes connaitront leurs premiers bains de foule lors d’une tournée mondiale triomphale de quarante-cinq jours. Le 13 août 1969, New-York réserve une parade triomphale à ses héros, enfin sortis de leur quarantaine. Cinq autres missions Apollo emmèneront ensuite dix autres hommes sur la Lune avant la fin du programme, en décembre 1972.
Aujourd’hui, la Lune continue de faire rêver, mais c’est maintenant Mars qui est dans toutes les têtes. Les Chinois qui ont posé en janvier une sonde et un rover sur la face cachée de la Lune, sont devenus les nouveaux concurrents des Etats-Unis et ils espèrent bien ramener l’homme sur la Lune autour de 2030, avant d’échafauder des projets plus lointains. Le président Américain Donald Trump l’a compris et la même promis, “Make America on the moon again”, un homme (ou plus exactement une femme) reposera le pied sur la Lune en 2024. Car Washington ne compte pas laisser la Chine mettre la main sur la Lune. Ce retour répondra au nom de code Artémis. Ce choix qui ne doit rien au hasard : c’est le nom de la déesse de la Lune dans la mythologie grecque, qui n’est autre que la soeur jumelle du dieu Apollo. Mais il s’agira cette fois d’une exploration et exploitation à long terme. Des projets privés, comme ceux de Jeff Bezos, patron d’Amazon, ou le SpaceX d’Elon Musk, l’émergence de technologies permettant de réaliser des moteurs plus performants et des nanosondes plus faciles à projeter à grande vitesse… tout cela ouvre des perspectives relevant presque de la science-fiction et une station orbitale lunaire est prévue avec mise en service dans le courant de la prochaine décennie, pour prendre la relève de l’ISS. Une nouvelle ère commence, celle de l’exploration, de l’exploitation de la Lune et de ses ressources. Mais il ne s’agit là que d’une première étape vers un objectif plus ambitieux, la quête d’une nouvelle frontière pour l’humanité : envoyer à nouveau un homme, à l’horizon 2035-2040 sur une autre planète inexplorée : Mars.