Septembre 1894 : une femme de ménage,employée à l’ambassade d’Allemagne (mais en fait c’était une espionne française), trouve dans une corbeille un bordereau portant une liste des documents qu’un officier de l’Etat-major Français se propose de vendre à l’Allemagne. Deux officiers Français sont rapidement soupçonnés: le commandant Esterhazy et le capitaine Alfred Dreyfus. Dreyfus de confession juive et d’origine Alsacienne est arrêté le 15 octobre 1894, condamné à la dégradation militaire et envoyé au bagne à perpétuité pour crime de haute trahison au profit de l’Allemagne.
Accusé à tort d’espionnage le capitaine Dreyfus est solennellement dégradé le 5 janvier 1895 dans la cour de l’Hôtel des Invalides, embarqué pour la Guyane en février, puis transféré à Cayenne.
Cinq ans plus tard une campagne de presse en faveur de la révision contraint la Cour de cassation à ordonner la révision du procès. Le ministre de la Guerre, Dupuy consent à la révision de celui-ci. Ce dernier est conforté par les remous causés dans l’opinion publique par la parution le 13 janvier 1898 du » J’accuse ! »» d’Emile Zola, dans L’Aurore, et par la publication le 18 juillet 1899, dans Le Matin, de la confession d’Esterhazy au sujet de son implication dans l’Affaire. Celui-ci reconnaît être l’auteur du bordereau et d’avoir agi sur ordre de ses supérieurs pour préserver l’Armée. Le 31 août 1898 nouveau coup de théâtre éclate : une pièce utilisée contre Dreyfus est reconnue comme étant fausse. Son auteur, le colonel Henry, avoue et se suicide au mont Valérien.
Ramené du bagne de l’île du Diable, Alfred Dreyfus comparaît devant le Conseil de guerre à Rennes. Rennes va alors devenir pour une période de cinq semaines, une ville en état de siège. Sous les regards du monde entier, des centaines de journalistes venus de tous les continents se préparent, à retransmettre, les débats du plus retentissant procès du siècle. C’est dans un climat d’hystérie xénophobe et antisémite et face à une opinion publique haletante que s’ouvre le procès le 7 août 1899 devant le Conseil de guerre de Rennes s’ouvre, dans la salle des fêtes du lycée de Rennes (devenu le lycée Zola). Il comportera 25 audiences.
Le procès est houleux et le verdict du deuxième procès de Dreyfus tombe le 9 septembre 1899 comme un couperet sur les espoirs des dreyfusards: contre toute attente, et malgré les plaidoiries de la défense, par cinq voix contre deux (celles du colonel Jouaust et le Chef d’escadron Charles François de Bréon), le capitaine Alfred Dreyfus est condamné à dix ans de déportation pour espionnage, mais bénéficie de « circonstances atténuantes ».
A la demande du gouvernement et pour mettre fin à cette affaire qui divisait les Français depuis cinq ans, le président de la République Emile Loubet, décide de gracier l’officier quelque jours plus tard le 19 septembre. Le capitaine Alfred Dreyfus est libéré et recouvre la liberté le 21 septembre, sans avoir été innocenté pour autant. Mais les dreyfusards exigent sa réhabilitation. Il faudra attendre 1906 pour que la cour de cassation révise à nouveau le procès casse le jugement de Rennes: Dreyfus est réhabilité.