Les premières études et les travaux préliminaires sur le canal de Panama furent entrepris par deux compagnies françaises. La première fut fondée en 1881 par l’ingénieur français Ferdinand de Lesseps responsable du percement du prestigieux Canal de Suez. Auréolé du prestige de ses précédents travaux, il se lance dans cette aventure pharaonique aux côtés de Gustave Eiffel, sous l’égide de la Compagnie universelle du canal interocéanique de Panama en 1882. La seconde fut créée en 1893, mais par manque de moyens logistiques et à cause des nombreuses épidémies qui décimèrent les ouvriers, la société fit faillite révélant une affaire de corruption parlementaire plus connue sous le nom de “scandale de Panama”. Elle dut céder ses droits en 1903 aux États-Unis, pour la somme de 40 millions de dollars. Le 10 octobre 1913, le président américain Wilson commande en personne l’explosion de « Gamboa Dike », le dernier obstacle à la liaison fluviale entre l’Atlantique et le Pacifique. Finalement ce sont les Américains qui après 10 années de travaux, inaugureront le canal le 15 août 1914 là où les Français ont échoué. Le canal de Panama devient une réalité.
Les États-Unis signèrent également en 1903 un traité avec Panama ( traité de Hay-Bunau-Varilla) leur conférant, moyennant une somme de 10 million de dollars et une redevance annuelle de 250000 dollars, la souveraineté territoriale sur la zone de 1432 Km² , comprenant le canal et ses abords, dont ils devaient assurer pour une durée illimitée l’exploitation, l’entretien et la défense. Le Canal a permis de raccourcir de près de 13000 km la distance à parcourir entre les ports de la côte Est et de la côte ouest des États-Unis. Même pour les européens, un voyage vers l’Australie, par exemple, représente, en passant par le canal, une économie de 3200 Km.
L’ingénieur responsable de sa construction, John E. Stevens, opta pour un canal au-dessus du niveau de la mer, avec une série d’écluses aux deux extrémités. Ce système, par rapport à un canal au niveau de la mer, donc sans écluses, présentait l’avantage d’éviter tout risque d’inondation sur les rives et surtout permettait aux navires de naviguer même par gros temps. Durant la construction du canal, 75 000 hommes, dont le peintre Paul Gauguin, ont fait le voyage vers ces terres tropicales. Les conditions de travail étaient terribles et environ 27 500 d’entre eux sont morts, épuisés par cette tâche pharaonique ou 330 millions de mètres cubes de terre et de roche ont été déplacés .
Trait d’union entre l’océan Atlantique et l’océan Pacifique, c’est un axe stratégique pour les porte-conteneurs chargés de voitures ou d’électronique qui naviguent entre l’Extrême Orient et la côte Est des Etats-Unis. 5% du commerce maritime mondial transite par cette voie. La rétrocession du canal demeure, quant à elle, plus récente : depuis le 31 décembre 1999, ce dernier est contrôlé par l’Autorité du canal de Panama. Pour les Panaméens, le canal est un symbole de fierté car il donne à ce petit pays une place importante dans la politique et l’économie mondiale. Mesurant 77 km de long le Canal de Panama est équipé à chaque extrémité (Pacifique et Atlantique) de deux ensembles géants d’écluses.
Depuis 2014, le canal peut désormais accueillir des cargos dits “post panamax” de 366 mètres de longueur et jusqu’à une largeur de 39 mètres, transportant 14 000 conteneurs qui peuvent franchir le canal car de nouvelles écluses gigantesques ont été construites. Chaque porte pèse entre 2100 et 4200 tonnes pour plus de 57 mètres de haut et le nouveau système de 16 portes coulissantes fermant et ouvrant les accès à chaque chambre d’écluse a consommé assez d’acier pour édifier 20 Tours Eiffel.