En octobre 1944, la flotte japonaise est anéanti à Leyte, aux larges des philippines. Mais alors qu’au début de l’année 1945, la victoire semble à portée de main en Europe, le conflit continue à faire rage dans le pacifique. Pour défaire le Japon, les Américains doivent s’emparer des îles d’Iwo Jima (“île au Souffre”, en japonais) et d’Okinawa situées à moins de 1200 km du Japon pour y installer leur aviation et soumettre le Japon à un bombardement systématique. Mais le commandement japonais a parfaitement pressenti les intentions américaines et dès l’été 1944 une part considérable de l’effort de guerre nippon est attribuée à la mise en état de la défense d’Iwo Jima et d’Okinawa. A Iwo Jima, le général Kuribayashi dispose d’une garnison de 14000 hommes dotés d’armes lourdes, chars canons, et appuyés par 7000 hommes appartenant à la marine et placés sous les ordres de l’amiral Ichimaru.
Le 16 février 1945 débute L’Opération Iwo Jima quand le porte-avion rapide de la task-force 58 du vice-amiral Mitscher effectue la première attaque aéronavale en baie de Tokyo pour détourner l’attention du commandement japonais, tandis que la force de soutien de l’amiral Blandy entreprend le pilonnage de l’île stratégique d’Iwo Jima. Trois jours plus tard, le 19 février 1945 débute une bataille, parmi les plus sanglantes de la seconde guerre mondiale, quand, par mer calme et temps clair, 30000 marines débarquent au petit matin à l’extrémité sud-ouest de l’île d’Iwo Jima. Ce jour-là les ennuis commencent pour les américains, d’un côté les engins chenillés qui viennent de débarquer s’enfoncent dans le sol volcanique et noirâtre les empêchant de manœuvrer et de rejoindre la grève, de l’autre les japonais font s’abattre un feu d’enfer sur les plages, clouant au sol les marines et provoquant la destruction des nombreux engins débarqués. A la tombé de la nuit 2500 hommes ont été mis hors de combat sur les 30000 mis à terre. Les marines vont devoir déployer un courage exceptionnel pour triompher des nids de résistance ennemis. L’accueil des japonais constitue ainsi le point de départ d’une terrible bataille, qui au lieu des 5 jours prévus initialement, va durer jusqu’à la fin du mois de mars.
Pour commencer, 4 jours de combats acharnés sont nécessaire aux américains pour briser les positions japonaises du sud-ouest de l’île et enlever le volcan éteint de Suribachi, truffé de point d’appui. Pour réduire les blockhaus, les marines doivent employer charges d’explosifs, grenades et lances-flammes. Le 23 février enfin, une patrouille atteint le sommet du volcan et plante le drapeau américain. Cette conquête du mont Suribachi aura couté la vie à 6000 hommes. Un second drapeau beaucoup plus grand sera planté quelques heures plus tard, et la photo prise par le correspondant Joe Rosenthal prendra un caractère historique, avant d’inspirer l’édification du « monument des marines » au cimetière d’Arlington.
A l’intérieur des terres, camouflés dans d’innombrables galeries souterraines creusés dans le sol volcanique de l’île, blockhaus et points d’appui, les Japonais imposeront aux marines les combats les plus sanglants de leur histoire. Les défenseurs ont également parsemé à profusion pièges et mines. Au cours des semaines suivantes, l’assaut des marines se poursuivra méthodiquement avec l’appui des canons et des avions de la flotte brisant une résistance toujours aussi acharné de la part des japonais. Durant la bataille d’Iwo Jima les bâtiments d’appui ont tirés plus de 300000 obus. Le 16 mars, l’île est considérée comme conquise mais des point d’appuis japonais continuent ici et là à résister et une dernière contre-attaque nocturne lancée par des petits groupes isolés entrainera encore de furieux combats jusqu’à l’aube du 26 mars. Les troupes américaines devront ainsi attendre la fin du mois de mars avant de contrôler totalement l’île. Sur une garnison de 21000 hommes, seuls 216 Japonais sont fait prisonniers: les autres ont péris dans les combats ou se sont sacrifiés…pour l’empereur. Quant aux américains, ils comptent près de 19000 blessés et 7000 tués.
En dépit de ce bilan, la conquête d’Iwo Jima va permettre d’intensifier la guerre contre le Japon. Elle assure le succès de l’opération prévue contre Okinawa et facilite les raids des B-29 contre le potentiel économique de l’archipel nippon. Grâce aux terrains établis sur Iwo Jima, les « Superfortress » peuvent disposer d’une escorte de chasse et d’aérodromes de dégagement en cas d’avaries.