La tuberculose est une maladie vieille comme le monde ou plutôt comme l’humanité. Autrefois nommée Phtisie, la tuberculose est connue depuis l’Antiquité. On sait qu’elle existait déjà aux temps préhistoriques et l’examen de momies égyptiennes à montrer qu’elle n’a pas épargné les plus puissants Pharaons. Hippocrate en décrit déjà les différentes formes au Vème siècle avant notre ère et l’infection tuberculeuse était pour les Hébreux un des châtiments divins. Elle n’était pas étrangère non plus en Inde et Chine anciennes, ainsi que chez les peuples autochtones, des siècles avant la venue des Européens. Son ancienneté ne la rend pas pour autant banale et cette redoutable maladie est universelle. Elle sévit sur tous les continents, touche toutes les races et demeure en effet l’une des maladies les plus mortelles.
La tuberculose est due à un agent infectieux: “mycobaterium tuberculosis” C’est une des maladies les plus meurtrières au monde. A titre de comparaison, s’il fallait comparer, elle se situe en seconde position, juste derrière le VIH/SIDA. On considère aujourd’hui qu’un tiers de la population mondiale serait infecté, soit plus de 2 milliards d’individus. Si la population des pays en voie de développement est la plus représentée avec 90% des cas recensés les pays industrialisés ne sont pas épargnés. En 2018, plus de 8,5 millions de personnes ont développé la maladie et 1,7 million en sont mortes selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Soit plus de 4600 morts par jour ! Ainsi, tous les ans, le 24 mars, nous célébrons la Journée mondiale de lutte contre la tuberculose pour sensibiliser l’opinion publique aux conséquences sanitaires dévastatrices de cette maladie.
Elle traverse le Moyen-âge et n’épargne aucune région de l’Europe au cours des 18ème et 19ème siècle, mais il faudra attendre le XIXème siècle pour avoir une meilleure compréhension de cette maladie. Isolée des autres maladies pulmonaires par Laennec en 1819, Antoine Villemin (1827-1892) démontra en 1865 par méthode expérimentale le caractère transmissible de la tuberculose affirmant en conséquence que cette maladie, de nature jusqu’alors inconnue, était due à un microbe invisible avec les moyens technique de l’époque.
Mais ce n’est qu’en 1882 que Robert Koch, a la suite des travaux de Pasteur, isola l’agent causal de la tuberculose auquel on donna le nom de son découvreur. Le 24 mars 1882 Robert Koch qui a alors 39 ans annonce sa découverte du bacille de la tuberculose à l’assemblée de l’Institut physiologique Emil du Bois-Reymond à Berlin ou le médecin allemand explique le caractère contagieux de cette bactérie. La tuberculose est alors considérée comme la maladie du siècle. En 1905, il reçevra le prix Nobel de médecine pour l’ensemble de ses découvertes. Le bacille de Koch, se présente, au microscope, sous l’aspect de fin bâtonnets de 3 ou 4 millièmes de millimètre. Enfin, en 1895, Wilhem Conrad Rontgen (1845-1923) découvrit les rayons X, et Carlo Forlanini (1847-1918) réalisera les premières radiographies pulmonaires en Italie dès 1896. A la fin du XIXe siècle donc, toutes les bases de connaissances modernes de la tuberculose étaient disponibles pour élaborer des mesures préventives et des méthodes de traitement mieux adaptées.
La tuberculose: Une affection très contagieuse transmise par l’air et la salive. Il suffit d’être en contact rapproché avec une personne infectée par le bacille de Koch pour être à son tour contaminé. Il suffit a quelques germes de s’immiscer dans nos voies respiratoires pour qu’ils se logent dans notre corps et restent silencieux tant que notre système de défense naturel demeure vigoureux: c’est le stade de la primo-infection. La maladie peut ensuite se déclarer des années plus tard, à la faveur d’une baisse d’immunité. Seul 10 % des personnes infectées déclareront une tuberculose.
Un seul crachat peut contenir plusieurs millions de bacille de Koch, ce qui explique la grande contagiosité de la maladie. C’est dans les tissus fortement oxygénés que le bacille se développe et se multiplie le plus aisément; cette particularité aide à comprendre pourquoi il a fait des poumons son terrain de prédilection. Très contagieuse car disséminée essentiellement par voie aérienne (toux, etc…), la maladie est principalement responsable d’une atteinte pulmonaire même si d’autres organes peuvent être concernés. Quelle que soit sa localisation, il est toujours très résistant, même desséché il conserve sa virulence. La putréfaction reste sans prise sur lui. Il ne craint ni la chaleur, ni l’obscurité, ni l’humidité, ni le froid. Par contre il n’aime guère le soleil, et meurt lorsqu’il est exposé plus de 20 minutes aux rayons ultra-violets.
Une exposition au soleil est d’ailleurs recommandée aux patients tuberculeux. La lutte contre la tuberculose passera d’ailleurs par des cures intensives de soleil au XXème siècle. Des sanatoriums seront alors construit en masse, pour éradiquer cette maladie qui fait à cette époque pas moins de 100 000 victimes par an ! Avant l’implantation des sanatoriums, le traitement de la tuberculose est pratiquement inexistant. Pour la période de 1900 à 1960 ce n’est pas moins de 350 sanatoriums qui seront construits en France. Puis les thérapies antibiotiques priverons ces établissements de leurs patients tuberculeux entraînant le déclin de ceux-ci. Si l’époque des grands sanatorium est révolue le mal n’est pas définitivement jugulé.
Il faudra attendre l’apparition des premiers traitements avec la mise au point de la streptomycine et autres antibiotiques dont celle du BCG en 1921 pour que la maladie recule. Le BCG, ou Bacille de Calmette et Guérin, est un micro-organisme dérivé du bacille tuberculeux bovin (Mycobacterium bovis). Le premier vaccin contre la tuberculose à base de BCG a été utilisé le 18 juillet 1921 sur un enfant. La prévention de la tuberculose repose sur le vaccin BCG qui peut être administré dès les premiers mois de la vie. Près de 5 000 nouveaux cas sont déclarés en France chaque année.
Si cette vaccination n’est plus obligatoire en France depuis juillet 2007, sauf pour certaines catégories socio-professionnelles elle est fortement recommandé. En cas d’infection confirmée, un traitement antibiotique est administré pour une période de 6 mois minimum. Cette grave maladie infectieuse n’appartient pas qu’au passé. Elle n’a jamais vraiment disparue et revient même aujourd’hui sur le devant de la scène. Alors restons vigilant et accentuons les efforts pour arriver à éradiquer la tuberculose.