Fils aîné de Pépin le Bref, Charles 1er, plus connu après sa mort sous le nom de Charlemagne (du latin Carolus Magnus, c’est-à-dire Charles le Grand 768-814) est l’un des souverains les plus célèbre du moyen-âge. A la mort de son père en 768, le royaume est alors partagé entre lui et son frère Carloman. Ces deux-là ne s’entendant pas et, sans la mort inattendue de Carloman en 771, la mésentente entre les 2 frères aurait vite pu se transformer en conflit ouvert. Charles devient alors seul maître du royaume. A cette époque la puissance franque est alors reconnue par tous les souverains que ce soit des roitelets de Grande-Bretagne et d’Espagne au calife de Bagdad et à l’impératrice de Byzance. Dans l’entourage de Charles on ne cesse d’opposer sa grandeur, digne de la Rome antique à la crise que traverse l’Empire byzantin, où l’impératrice Irène a usurpé le trône de son fils Constantin VI, mais aussi et surtout à la crise qui ébranle alors la papauté. Charles ne se doutait alors pas que les difficultés rencontrées par le pape allait lui ouvrir le chemin du couronnement impérial.
A Rome, en effet, le pape Léon III, est alors en butte aux accusations de l’aristocratie locale qui lui reproche d’avoir fait acte de parjure et d’adultère. Le 25 avril 799 alors qu’il sortait de l’église Saint-Laurent pour se rendre à l’église Saint-Pierre où devait se terminer la procession des litanies majeures, le pape est agressé par des hommes de main qui le jette à terre et le rouent de coups puis le conduisent auprès des organisateurs de l’attentat: ceux-ci le menace de lui crever les yeux et de lui couper la langue s’il n’abdique pas mais il parvient à s’enfuir avec l’aide d’un commando de fidèles qui le délivre quelques jours plus tard. Le pape n’a alors pas d’autre recours que de se tourner vers le roi de France: il se réfugie alors auprès de Charles à Aix-la-Chapelle reconnaissant ainsi implicitement Charlemagne comme le défenseur de la papauté.
Ce dernier le raccompagne à Rome et convoque une assemblée composée de clercs et de nobles. En présence de ces hauts dignitaires et sous l’autorité du roi des Francs, Léon III se disculpe le 23 décembre 800 des accusations qui pesaient sur lui en prononçant un “serment purgatoire”, acceptant la punition divine s’il ment. C’est alors que le peuple et l’assemblée déclarent « qu’on devrait appeler empereur Charles, le roi des Francs ». Charles approuva cette proposition de rétablir l’autorité impériale.
2 jours plus tard, le 25 décembre 800, jour de Noël dans la basilique Saint-Pierre, tandis que le roi incline la tête pour prier, le pape Léon III lui met une couronne sur la tête et tout le peuple romain s’écrie: “ à Charles Auguste, empereur très pieux, couronnée par Dieu, grand et pacifique empereur des Romains, vie et victoire!” Cette proclamation se fit entendre 3 fois devant le tombeau du bienheureux apôtre Pierre. Après cette proclamation le vénérable et auguste Pontife se prosternera devant le roi et suivant la coutume établi du temps des anciens empereurs le couronnera de ses propres mains lui imposant une couronne très précieuse. Dès lors Charles, quittant le nom de patrice (patrice : titre d’une dignité instituée dans l’empire romain), portera celui d’empereur et d’Auguste. Après plusieurs siècles d’occultation, l’Empire romain d’Occident est restauré et ainsi l’église s’éloigne définitivement du patronage de l’Empire byzantin qui l’a protégé jusqu’ici. En janvier 801, Charles qui n’était plus à Rome comme invité mais comme souverain, fit condamner à mort les auteurs de l’attentat contre Léon III pour crime de lèse-majesté mais le pape lui demandera que cette peine soit commuée en exil perpétuel. Charles restera à Rome jusqu’aux fêtes de Pâques de 801 et retournera à Aix à la fin de l’été 801. Avec ce sacre, Charlemagne devient officiellement le personnage le plus puissant du monde.
Désormais protecteur de la chrétienté en Occident dont la capitale n’était plus Rome mais Aix-la-Chapelle, Charlemagne, l’Empereur « à la barbe fleurie » donnera à son empire une solide organisation. Il sera divisé en 300 comtés dirigés par des comtes réunis chaque année avec les évêques en assemblée. Aux frontières de son empire, il créa des “marches” ou zones de sécurités destinés à le protéger des invasions extérieures. Les missi dominici ( envoyés du maître) circulaient dans les provinces afin de veiller aux décisions de l’empereur consignés dans les capitulaires. Pour remédier au trop petit nombre de fonctionnaires, Charlemagne développera les liens d’homme à homme à tous les échelons de la société (vassalité). L’empereur encouragea enfin le renouveau des études en créant des écoles et en attirant à sa cour les meilleurs savants de son temps. A la mort de son fils, Louis le Pieux (840), son empire se fragmentera entre les héritiers et se désagrégera sous la pression des nouveaux envahisseurs.
Le règne de Charlemagne est bien connu grâce aux Annales royale et aux nombreux textes législatifs, les “capitulaires” rédigés sous son règne. Mais surtout Charlemagne a trouvé un biographe attentif en la personne d’Eginhard un clerc originaire de Germanie. On apprend ainsi qu’il mesurait un 1,92m et qu’il possédait une santé de fer; à 70 ans il pratiquait encore la chasse. Rompu dès sa jeunesse aux exercices sportifs et militaire Charlemagne était aussi un excellent nageur. Il admirait les arts, parlait le latin et aimait à écouter des récits historiques durant les repas. Bien qu’il ne soit jamais parvenu à apprendre à lire et à écrire, il était initié à la grammaire et à la rhétorique. Modèle même du Souverain, il se montrait capable de la plus grande générosité comme de la cruauté la plus extrême. Son règne sera marqué par des conquêtes incessantes et un soucis constant d’ordonner son royaume. Responsable seulement devant Dieu et protecteur de la papauté Charlemagne s’efforcera tout au long de son règne de réaliser l’unité de la chrétienté, de faire de la société des hommes un état chrétien, condition nécessaire selon lui au salut de l’humanité.