Tout le monde ou presque connaît aujourd’hui l’histoire tragique du Titanic : le 15 avril 1912, le plus grand des paquebots alors en pleine traversée de l’Atlantique nord heurte un iceberg et coule en moins de trois heures dans les eaux glacés avec à son bord 2223 passagers faisant 1517 victimes. Avant que ce navire réputé « ’insubmersible » ne disparaisse dans les profondeurs de l’océan, son opérateur radio, Jack Phillips aura le temps de demander de l’aide avec ce signal en morse : …—… Ce signal connu de tous, est bien évidemment celui de l’appel de détresse “SOS”.
Mais quel en est-donc son origine : c’est le 3 octobre 1906, à la Conférence internationale de radiotélégraphie de Berlin que la décision est prise de créer un appel de détresse à l’échelle internationale. La simplicité de ce message en morse – Trois points, trois traits, trois points – lui vaudront d’être adopté à cette occasion. Cette mesure entrera en vigueur deux ans plus tard, en 1908.
Cette adoption internationale est importante car avant cette conférence, deux signaux de détresse coexistaient sur les mers : à l’époque, la transmission radio était un nouveau média et deux sociétés concurrentes, Telefunken et la British Marconi Society, se disputaient alors le monopole des transmissions. La compagnie anglaise Marconi imposera dès 1904 à ses opérateurs le code CQD (CQ signifie “come quick” venez vite et D est la première lettre de “Distress” ou Détresse). Peu après la société allemande Telefunken introduira dans la marine de guerre allemande son propre signal en morse; celui-ci s’étendra bientôt à toute la radiocommunication maritime du Reich. Ce signal: un court, trois longs, un court qui correspond aux lettres EOE. EOE ne veut rien dire de spécifique, mais dans l’alphabet morse, les lettres qui compose ce signal sont aisément identifiables et plus rapide à transmettre que les lettres CQD. La guerre entre les deux sociétées atteindra quant à elle des sommets : les opérateurs de Marconi et ceux de Telefunken reçoivent de leur hiérarchie l’ordre d’ignorer les messages de détresse de la concurrence. C’est une entorse au droit maritime, qui aura parfois des conséquences dramatiques.
C’est sur un émetteur à étincelle Marconi de 5kw que fut lancé le message « SOS Titanic 41.46 N 50.24 W » lorsque celui-ci heurta un Iceberg. Le Titanic avait alors l’installation radio la plus moderne et la plus puissante en service sur tous les navires marchands.
C’est pourquoi le 3 octobre 1906 la fameuse Conférence internationale de Berlin sur les transmissions radio tranche entre ces deux signaux : le signal allemand de Telefunken deviendra le signal de détresse universel, sans doute en raison de sa simplicité. Mais comme la lettre E se traduit par un seul point, on la remplacera par la lettre S qui en comporte 3. Le “SOS”. . . _ _ _ . . . était né.
Le premier SOS répertorié fut celui envoyé le 10 juin 1909 par le SS Slavonia, paquebot de la Cunard Line échoué aux Açores. Ce n’est qu’après le naufrage du Titanic que le SOS fut universellement accepté. Il deviendra par la suite tellement populaire que différentes significations lui seront donné, comme “Save our souls” (Sauvez nos âmes) ou “Save our ship” (Sauvez notre bateau). Mais même si le SOS a définitivement quitté les mers du globe en 1999, cédant la place à un système plus moderne, (l’Organisation Maritime internationale a décidé l’abandon officiel du morse comme code de transmission cette année là) il subsiste toujours dans le langage courant que ce soit en Allemagne, en France et dans beaucoup d’autres pays. Il est remplacé par le système satellitaire de sauvetage international, GMDSS (ou Global Maritime Distress and Safety System).