En 1855, Brame et Flachat déposent un projet de chemin de fer souterrain reliant les Halles de Paris à la petite ceinture, alors en construction. Mais ce projet fut abandonné pour des motifs financiers, et c’est à Londres que s’ouvrit en 1863, la première ligne de transport souterrain à vapeur, la Metropolitan Line, entre Farrington Street et Bishop’s read, à Paddington. Puis en 1878, c’est l’inauguration à New-York de l’Elevated Metropolitan railway dont les wagons étaient tirés, sur un parcours découvert par de petites locomotives à vapeur. C’est encore à Londres que fonctionnera à partir de 1890 la première ligne de métro à traction électrique.
A Paris, la mise en place de l’Exposition Universelle de 1889 met en évidence le retard de la capitale en matière de transports urbain par rapport aux autres grandes capitales mondiales. Le gouvernement se désintéresse de la question et laisse à la ville de Paris le soin de concevoir et développer son métro: l’Expo Universelle de 1900 s’annonce et cette fois, il ne faut pas manquer l’opération et donner au monde entier une image négative de la France. Paris aura donc son métro, promis, juré: la décision en est formellement prise le 22 novembre 1895.
Six candidatures furent déposées au cours de l’année 1897, parmi lesquels la municipalité de Paris retint, par la loi du 30 mars 1898, celle de la “Compagnie Générale de Traction” présidée par le baron belge Édouard Empain, déjà très concerné dans la construction des tramways de différentes villes de France et d’ailleurs. Cette loi déclare d’utilité publique l’établissement dans Paris d’un métro entièrement à traction électrique (premier réseau urbain de ce type au monde) d’une longueur de 65 kilomètres, au gabarit de 2,40 m, à voie normale et qui comprendra six lignes enterrées dont la première, Porte de Vincennes-Porte Maillot, sera inauguré deux ans plus tard.
On dispose de 2 années avant l’exposition universelle de 1900 et il faut mettre les pelletées double si l’on veut que Paris puisse offrir son métro à la conscience planétaire admirative. Fulgence Bienvenüe est nommé chef du service technique du métropolitain et dirigera les chantiers. Il prend en particulier une décision qui aujourd’hui encore, conditionne les déplacements des Parisiens et remplit les couloirs de correspondance: toutes les lignes seront indépendantes et tous les trains resteront sur la même ligne, desservant toutes les stations. Le 4 octobre 1898, la Compagnie du chemin de fer métropolitain donne les premiers coups de pioche du futur métro parisien. Il ne faudra que 18 mois aux 2000 terrassiers travaillant sans relâche, déblayant 1000 mètres cubes de terre par jour, pour mener à bien le percement des 10,3 km du tracé desservi par 18 stations de cette première ligne de métro parisienne.
Inaugurée le 19 juillet 1900, c’est aujourd’hui la ligne la plus chargée du réseau avec 500000 voyageurs par jour et 160 millions par an. Le succès de ce nouveau moyen de transport en commun, rapide et économique (0,15f soit 3 sous la place en seconde et 0,25f en première) fut immédiat : 30000 billets furent vendus le premier jour et près de 17 millions pendant les 5 premiers mois d’exploitation. On pouvait aussi acheter des carnets de 10 billets, puis des billets d’allers-retours remplacés plus tard par des cartes hebdomadaires.
Avec plus de 200km de lignes, près de 300 stations et 4,5 millions d’usagers par jour, le métro parisien est aujourd’hui le réseau le plus dense du monde. Il constitue une véritable ville sous la ville. De par son architecture et son rayonnement culturel, il est devenu emblématique de la ville de Paris.