La bataille d’Angleterre va succéder à la bataille de France qui a commencée le 10 mai 1940 avec l’invasion des pays-bas et de la Belgique : après l’invasion de la France, qui fut surprenante de rapidité, en Europe seuls les Britanniques restent en guerre. La France est alors occupée tandis qu’à Londres le Général de Gaulle tente de mobiliser la résistance. La situation est difficile, mais le premier ministre britannique Winston Churchill parvient à galvaniser son peuple et rejette toute négociation avec Hitler. Le 18 juin 1940. il s’adresse au peuple britannique en ces termes : « La bataille d’Angleterre est sur le point de commencer. C’est d’elle que va dépendre la survie de notre propre pays et de notre empire. Hitler sait qu’il devra nous anéantir sur cette île ou alors perdre la guerre. Préparons nous donc à faire notre devoir et n’oublions pas que, si l’Empire britannique et son Commonwealth perdurent pendant 1 000 ans, les hommes diront encore « C’était leur heure de gloire. » »
Le Führer ordonne dès lors l’invasion des îles britanniques, mais il lui faut d’abord obtenir la maîtrise du ciel au-dessus de la Manche. Ce débarquement qui a pour nom de code Seelöwe (Otarie ou Lion de mer) est prévu pour la seconde quinzaine d’août. Mais pour ce faire, il faut que la Luftwaffe détruise la Royal Air Force. Le 30 juillet 1940, Hermann Goering, qui dirige la Luftwaffe, l’aviation de combat allemande, annonce le début de la «grande bataille aérienne» contre l’Angleterre. Pilotes britanniques et allemands vont alors s’engager avec fureur dans l’un des affrontements aériens les plus spectaculaires de l’histoire.
Durant la Bataille d’Angleterre, premier grand affrontement aérien de l’histoire, l’aviation britannique perdra 915 appareils et environ 500 pilotes mais du côté de la Luftwaffe plus de 1.700 avions seront perdus et plus de 2.600 membres d’équipage et pilotes seront tués. L’aviation allemande effectuera 27 560 sorties contre 65 218 pour la RAF. Quant aux pertes civiles, elles s’échelonnent entre 15 000 et 23 000 tués selon les sources.
Première phase. Le 2 août 1940, Hitler décide d’intensifier la bataille au-dessus de l’Angleterre. Les Allemands concentrent alors leurs escadrilles sur les aérodromes français et belges et en Norvège. Le maréchal Göring dispose de plus de 2.000 appareils opérationnels et les usines du Reich produisent chaque jour de nouveaux avions, mais aucun bombardier lourd capable d’emporter des charges plus importantes de bombes. Dans un premier temps, la bataille aura pour principal enjeu la supériorité aérienne au-dessus de l’Angleterre, la Luftwaffe pilonnant les objectifs stratégiques les plus divers (aérodromes, ports, industries, etc.) afin de forcer les avions de chasse britanniques à combattre. La première grande offensive de la Luftwaffe, baptisée Adler Tag ( jour de l’Aigle) aura lieu le 13 août . Les Allemands perdent 45 avions contre 13 du côté des Britanniques. Le 15, la Luftwaffe fait 1790 sorties, perd 75 avions quand les Anglais en perdent 34. Tout au long du mois d’août la Royal Air Force (RAF) doit faire face à des attaques allemandes quotidiennes. Des 2 côtés les pertes sont importantes. Si la RAF est au bord de souffle (en moyenne plus de 20 appareils disparaissent chaque jour) et manque de pilotes expérimentés , elle se défend avec acharnement et les équipages Allemands paient aussi un lourd tribut.
La bataille d’Angleterre se déroula dans les airs et non par attaque au sol des avions stationnés sur les bases aériennes; cette configuration de la bataille résulta de la mise en service par les Britanniques d’un nouveau système de défense aérienne centralisé dont l’outil principal était constitué par le tout récent radar dont les hautes tours formaient une ceinture de détection encore imparfaite le long des côtes de la Grande-Bretagne mais qui s’avèrent déterminants sur l’issue de la bataille . Dans ce contexte favorisant les capacités en combat aérien, les chasseurs Hurricane et Spitfire du Fighter Command de l’Air Chief Marshal Dowding avec leurs huit mitrailleuses se montrèrent plus efficaces que les chasseurs Bf 109 et Bf 110, des 3ème et 2ème Luftflotten des Feldmarschallen Sperrle et Kesselring, handicapés par la lourde tâche d’escorter les avions de bombardement.
Seconde phase. Celle-ci débuta le 7 septembre par le bombardement de Londres et avait pour objectif essentiel de détruire les principaux quartiers industriels et ouvriers de la capitale britannique. Ce fut le Blitz de Londres et de sa banlieue ((terme allemand signifiant « éclair ») qui va durer jusqu’au 11 mai 1941. Cette erreur de la stratégie allemande sauvera l’Angleterre, car elle a facilitée la concentration de la bataille aérienne et a permis à l’industrie de guerre de poursuivre sa production. En représailles d’un raid aérien effectué par la Royal Air Force contre Berlin le 25 août, Hitler, ulcéré décide de frapper les civils. «Nous raserons leurs grandes villes !» vocifère le Führer au Sportpalast de Berlin.
En effet, pour la première fois depuis le début de la guerre, le Grand Reich est attaqué sur son propre sol. Les Londoniens sont directement attaqués : le Blitz allemand qui vient de commencer a pour but de terroriser les civils anglais et de les démoraliser. Mais la supériorité aérienne n’avait été que partiellement acquise par les Allemands lors de la première phase de la bataille et leurs bombardiers ne pouvaient être protégés par les chasseurs qui arrivaient à la limite de leur rayon d’action. Le 15 septembre “Pour en finir avec Londres et la RAF”, Hermann Göring engage 252 bombardiers est 700 chasseurs. Mais grâce aux radars, qui permettent de détecter les formations ennemies, et aux rapides Spitfire, la Luftwaffe n’obtient pas la victoire tant espérée et l’offensive aérienne allemande est mise en échec. Ce jour du 15 septembre est d’ailleurs considéré comme « le jour de la bataille d’Angleterre » par les anglais. Par ailleurs, les bombardiers Heinkel 111, Dornier 17 et Junker 88 ne pouvaient emporter qu’un faible tonnage de bombes. La quasi-totalité des chasseurs britannique a décollé, ne laissant aucune réserve. Le résultat fut sans appel : un quart des bombardiers allemands sera abattu. Mais le grand tournant de la bataille d’Angleterre aura lieu le 17 septembre 1940. La Royal Air Force n’est toujours pas vaincue et, en dépit de nouvelles vantardises du Reichsmarschall Göring qui prétend le contraire, Hitler constatant l’échec de l’action de son armée de l’air choisi ce jour là de suspendre sine die l’opération Seelöwe , renonçant de fait à l’invasion de l’Angleterre.
A partir de cette date Hitler ordonne un bombardement systématique des régions les plus peuplées. Durant 57 nuits consécutives, les bombes vont pleuvoir sur Londres. En septembre 1940, les Allemands largueront 7000 tonnes de bombes sur Londres, tuant 7000 personnes et un blessant 10000 autres. Pendant la nuit du 15 octobre, 380 tonnes de bombes classiques et 70000 tonnes de bombes incendiaires seront largués sur la capitale anglaise. Un mois après, d’autres grandes villes seront visées: Plymouth, Glasgow, Birmingham, Southampton… ou encore sur Coventry qui est totalement détruite le 14 novembre 1940. En dépit du nombre de civils qui périssent ou sont blessés sous les bombardements d’octobre cela se révéla insuffisant pour faire céder le moral des Londoniens soutenus par la volonté inflexible de Churchill. Si les bombardements vont continuer à s’intensifier sur la Grande-Bretagne jusqu’au printemps 1941 ou les unités de la Luftwaffe seront réquisitionnées pour préparer l’invasion de l’URSS on considère que la Bataille d’Angleterre s’achève officiellement le 31 octobre 1940.
Le Supermarine Spitfire ( cracheur de feu) est le plus célèbre avion de chasse britannique de la Seconde Guerre mondiale. C’est l’appareil qui a permis de gagner la bataille d’Angleterre. Pouvant atteindre plus de 650 km/heure, armée de deux canons et de 4 mitrailleuses, cet avion sera utilisée sur tous les fronts. La grande maniabilité et la puissance de feu du Spitfire en font un adversaire redoutable pour les chasseurs et les bombardiers allemands. Le Spitfire a été le seul chasseur allié à sortir en continu des chaînes de production pendant toute la Seconde Guerre mondiale et même au delà, puisque le dernier exemplaire est sorti en 1947, onze ans après le premier vol du prototype. Au cours de ses évolutions le Spitfire a vu sa vitesse augmenter de 35 %, son poids de 40% et sa vitesse ascensionnelle de 80%.
Le Hurricane. Premier chasseur monoplan de la RAF, Il est le plus répandu et est spécialisé dans l’interception des bombardiers laissant le rôle du chasseur au Spitfire. De nombreux bombardiers allemands seront abattus par cet appareil, qui est également très résistant aux impacts causés par les combats. Capable de monter à 6000 mètres en 9 minutes, Il a été utilisé sur plus de fronts que n’importe quel autre chasseur britannique. Au contraire du Spitfire, le Hurricane n’évoluera pratiquement pas par la suite.
Le Heinkel III. C’est le bombardier allemand de la bataille d’angleterre. Rapide et robuste, mais faute d’une escorte suffisante de la part des Bf 109 et faiblement armé, il fut une proie facile pour les Spitfire et les Hurricanes britanniques lors de la Bataille d’Angleterre. Le Heinkel 111 a aussi servi en Yougoslavie en Grèce puis en Russie ainsi que lors la guerre civile espagnole en 1936, où il fut évalué en condition de combat.
Le Messerschmitt BF 109: ce chasseur monomoteur monoplace allemand a été conçu par l’ingénieur allemand Willy Messerschmitt en réponse à un appel d’offres du Reichsluftfahrtministerium pour la conception d’un chasseur moderne devant équiper la Luftwaffe naissante. Autour du moteur le plus puissant disponible, un Junkers Jumo 210 à 12 cylindres en V inversé, Messerschmitt dessina la cellule la plus fine possible, reprenant des techniques très novatrices qu’il avait développées pour l’avion léger Bf 108. La première partie de la Seconde Guerre mondiale vit une domination sans partage de cet avion, il causa de nombreuses pertes parmi les pilotes de la Royal Air Force lors de la bataille d’Angleterre.