Le 1er juillet 1810, pour célébrer le récent mariage de Napoléon et de Marie-Louise de Habsbourg l’ambassadeur d’Autriche, le prince Karl von Schwarzenberg organise à Paris une soirée à l’ambassade d’Autriche. Quarante-huit heures avant l’événement, le chef du service des gardes-pompes, le colonel Ledoux est prévenu et passe sur les lieux faire son inspection de sécurité. Il décide d’y poster, deux sous-officiers, quatre garde-pompes et deux pompes à bras. Dès 20 heures, le soir du bal des milliers invités emplissent la salle et les jardins. Peu après 22 heures, Napoléon et Marie-Louise font leur entrée devant les nombreux membres de la noblesse européenne. Alors que le grand-bal vient à peine de s’ouvrir et que la fête bat son plein dans la grande galerie, un coup de vent rabat les bougies d’un des 75 lustres sur un rideau de mousseline qui s’enflamme immédiatement. Le feu se propage avec une violence terrible, le vent attise les flammes et les milliers d’invités se retrouvent bloqués dans la salle de bal qu’ils ne peuvent évacuer rapidement. Les gardes-pompes restés dans le jardin sont surpris par la rapidité du sinistre et ne peuvent rien faire devant la panique qui se déroule devant leurs yeux. Le bilan est lourd: la princesse Schwarzenberg, calcinée, ne sera identifié que par ses bijoux .On estime que ce terrible incendie a coûté la vie à une dizaine de victimes et a fait de très nombreux brûlés.
L’Empereur s’emporte contre l’inefficacité des gardes-pompes lors de cette tragique soirée, il vire alors le préfet de police et le chef des gardes pompes et décide de réformer une institution qui n’avait su éviter le désastre et la mort de l’épouse de l’ambassadeur. Désormais paris sera doté d’une force militaire pour lutter contre les sinistres. Le 10 juillet 1810 et sur décision du ministre de la guerre les Palais impériaux de l’empereur et ses bivouacs, jusqu’alors protégé par les gardes-pompes parisiens seront protégés par des sapeurs de la Garde Impériale. Nul doute qu’il faut voir là l’origine du terme ”sapeur-pompier”. Puis le 18 septembre 1811, à Compiègne, l’Empereur créera un bataillon de sapeurs spécialement chargé du service des incendies à Paris, à mettre en place au plus tard le 1er janvier 1812 et formée de 4 compagnies de 142 militaires prélevés sur l’infanterie. Ce jour-là est né à Paris le premier bataillon des soldats du feu, ancêtre de la brigade actuelle. Les sapeurs-pompiers qui le compose sont soumis aux règles militaires est sont encasernés et ils reçoivent un uniforme semblable à celui des troupes du génie.
Mais ces hommes devront aussi assurer un service de sûreté et de police ce qui déclenchera des querelles d’autorité. L’extension de la ville de Paris et des tâches des sapeurs-pompiers sous le Second Empire justifie le décret du 5 décembre 1866 qui transforme le bataillon en régiment. Cette nouvelle organisation est mise en place le 1er janvier 1867: plus de 1500 hommes seront alors répartis entre deux bataillons, 11 casernes et 500 postes de secours.
Cette structure qui durera un siècle sera transformé le 28 février 1967 en brigade des sapeurs-pompiers de Paris dont le domaine couvre Paris et les 124 communes des trois départements limitrophes des hauts-de-seine, de la Seine-Saint-Denis et du Val-de-Marne. De moins de 5000 en 1967, les effectifs des sapeurs-pompiers de Paris sont aujourd’hui de 8500 hommes et femmes.
La BSPP est aujourd’hui le plus grand corps de sapeurs-pompiers en Europe et le plus ancien corps de sapeurs-pompiers professionnels au mode. Ces militaires interviennent près de 500000 interventions par an, soit une intervention toutes les 66 secondes pour porter secours aux 7 millions de Parisiens et Franciliens de la petite couronne. Fidèles à leur devise “Sauver ou périr”, les sapeurs-pompiers de Paris sauvent chaque année des dizaines de milliers de vie (27559 en 2016) La mission des sapeurs-pompiers de Paris a fortement évolué ces dernières années et ses interventions se décomposent en quatre domaines distinctifs: secours à personne (82% de son activité), risques technologiques et urbains ((12%) incendie (4%) et enfin le risque nucléaire, radiologique, bactériologique et chimique (NRBC).. Ces soldats du feu à l’origine sont donc devenus aujourd’hui des soldats de la vie.