Le 21 février 1916, l’offensive de Verdun se déclenche par le tir de plusieurs millions d’obus allemands sur les première et deuxième lignes françaises. Le trommel-feuer s’abat sur les positions françaises. La plus grande bataille de la guerre commence. Il serait faux de croire que le GQG (Grand Quartier Général) n’a pris aucune précaution dans le secteur de Verdun; l’alarme à été donné par les aveux des déserteurs et des avions ont signalé les mouvements de troupe et d’artillerie. On a même eu connaissance de l’ordre du jour de Kronprinz ( Guillaume de Prusse) aux troupes d’assaut. Mais Joffre, craignant que cette attaque ne soit qu’une feinte destiné à masque une offensive plus importante sur Amiens, préfère échelonner en arrière ses réserves pour les porter sur le point menacé. Les forts de Verdun étaient restés désarmés.
Pour les Français, la bataille de Verdun est comme le résumé et le symbole même de la grande guerre. « Le nom de Verdun suffira à évoquer dans l’histoire de tous les siècles un souvenir impérissable. Aucun des hauts faits d’armes dont l’histoire de France est remplie ne témoigne mieux des plus hautes qualités de l’armée et du peuple français. » Lloyd George Ministre de la Guerre britannique.
Le 21 février 1916 à 07h15 les Allemands déclenchent un véritable ouragan de feu sur les lignes françaises. Les tranchés sont écrasées par les obus de gros calibre qui frappent également la ligne des forts. Verdun est bombardé par des 382 et en même temps , des obus à gaz tombent sur les voies de communication pour isoler la position. Toutes les lignes téléphoniques sont coupés et aucun signal optique n’est discernable dans cette fournaise. L’artillerie française est complètement aveugle. Vers 13h00 elle commence néanmoins à répondre, mais sans trop savoir sur quoi elle tire. A 16h00, l’intensité du bombardement est maximum, puis à 16h45, le tir s’allongent. Sans la préparation d’artillerie, les fantassins allemands combattent à trois contre un, mais après neuf heures et demie de bombardement ininterrompu, ils pensent que l’adversaire a été anéanti. Malgré l’effroyable déluge de feu qui s’est abattu sur nos lignes, le premier assaut de l’infanterie française est donné à 16h45, des soldats français sortent des décombres « debout les morts » et résistent. Des français ont survécu et ils sont plus nombreux qu’on ne pourrait l’imaginer. Et ils soutiennent le choc, arrêtant partout l’offensive allemande. A la fin de la première journée, les Allemands n’ont pris que le bois d’Haumont, le bois de Ville et la plus grande partie de celui des Caures.
« Gloire éternelle au combattant anonyme, qui, dans les tranchées boueuses ou dans les trous d’obus, sous l’ouragan formidable des projectiles, souvent accompagné de gaz ou de liquides enflammés, a fait son devoir, simplement à son poste de combat. Général Dubail.
Verdun, une bataille mythique; du jamais vu ! Pendants de longues semaines, attaques et contre-attaques se succèdent. Les combats atteignent un degré de violence inimaginable. Les hommes sont pulvérisés, noyés dans la boue, gazés, brulés. Pour faire rempart l’armée française doit sans cesse amener des renforts sur ce petit espace tellement sanglant qu’il est maintenant sacré. Cette mobilisation morale des défenseurs épuise aussi l’assaillant.
Après avoir fléchi, la défense française s’organise et sous le commandement du général Pétain les troupes françaises causent à l’adversaire des pertes égales aux leurs. Après un dernier assaut pendant l’été les Allemands renoncent à prendre Verdun. Ils reculent même dans les mois suivants, jusqu’aux positions qu’ils occupaient en février.
Une seule route demeurait ouverte pour ravitailler les troupes françaises : c’est la route de Bar le Duc à Verdun. Plus connue sous le nom de voie sacrée ou une chaîne ininterrompue de camions (un toutes les quinze secondes) transporte matériel, troupes et renforts. Cette route est devenue un monument national. C’est au lieu-dit Moulin Brûlé que se trouve le mémorial.
Le Colone DRIANT héros du Bois des Caures. Le bois des Caures se trouve dans le département de la Meuse, au nord de Verdun. Avant l’attaque, le bois des Caures est tenu par le lieutenant-colonel Émile DRIANT et ses 1200 chasseurs du 56ème BCP.
En campagne, ce 21 février 1916.
Cette nuit, entre une heure et quatre, j’ai préparé mon exposé pour la petite thèse. j’ai fait une pause au milieu de mon travail pour admirer les effets de lune dans les boyaux, inspecter les sentinelles et faire poser des chevaux de frise en avant de mon entonnoir. Revenons à la permission; je sens bien que, comme moi, tu n’as plus de pensées que pour elle. Tu voudrais des précisions, des certitudes, et je ne puis t’en donner. une seule chose est certaine- et le commandant m’en a encore renouvelé l’assurance il y a une minute – à moins d’accident ou d’absolue impossibilité militaire ( attaque, suppression de permission), je serai à la sorbonne dans l’après-midi du 4 . maintenant arriverai-je le 29, le 1er, le 2 ou même le 3 au matin, c’est encore imprévisible.
Nous avons eu hier un bombardement assez sérieux et une soirée un peu mouvementée; mais jusqu’ici l’ensemble de cette relève – comparée surtout à la précédente – aura été tranquille. J’espère que mes quatorze dernière heures ici seront de même. Temps superbe, d’ailleurs, magnifiques gelée, nuage d’avions et canonnade copieuse des oiseaux qui est le grand spectacle favori des poilus.
En campagne, Ce 22 février 1916.
… Vous aurez su peut-être à Paris que les Boches faisaient depuis deux jours un gros effort du côté de Verdun. Un certain nombre de régiments qui étaient au repos dans la région, entre autre celui du commandant R…,ont été enlevés en auto la nuit dernière et transportés au point sensible. Si la tentative est arrêtée net, tout va bien. Au contraire, si l’action se généralise sur toute cette partie du front, les permissions seront supprimées. Je tremble; rien ne serait plus cruel que cette déconvenue.
Courriers tirés de « Lettres de Guerre Aout 1914-Avril 1916 » -Par Pierre-Maurice Masson (Librairie Hachette 1918)
Verdun: une bataille étendue sur 300 jours, de février à décembre 1916, un massacre de 300000 hommes, Français et Allemands confondus, et surtout l’entrée dans la guerre totale, ou la capacité d’enfoncer les lignes ennemies dépend de celle de l’industrie à produire toujours plus d’engins de mort: avec 1 million d’obus tirés en une journée, le 21 février 1916, l’offensive de Verdun fait franchir à la guerre un nouveau seuil de violence. Pour en savoir plus sur la grande guerre vous pouvez consulter notre dossier 1914-1918 La Dernière des Dernières à travers les timbres. pour transmettre la Mémoire, afin de se souvenir pour ne pas oublier.
Le 13 septembre 1916, la ville est décorée de la Légion d’Honneur et de la Croix de Guerre avec palmes par le Président Poincaré. Une seconde palme s’y adjoint à la fin de la guerre (16 février 1920). Les palmes symbolisent le plus haut rang de la décoration.
Aujourd’hui, le Mémorial de Verdun ( inauguré en 1967), est un sanctuaire d’histoire et de mémoire portant témoignage de l’engagement et des souffrances des soldats ayant combattu dans ce secteur clef du front occidental lors de la première guerre mondiale.