Du 6 au 16 juin 1975, l’Exposition Internationale ARPHILA va être le rendez-vous des collectionneurs du monde entier. Les visiteurs pourront admirer les merveilles artistiques et philatéliques exposées au Grand Palais et dans les Galeries Nationales par des particuliers, des groupements et par les administrations postales des 113 pays étrangers présents à ARPHILA 75.
A travers la philatélie, il est possible d’avoir une vision de l’histoire de la poste qui reflète parfaitement l’histoire des peuples et des nations. Durant l’Exposition, diverses manifestations auront lieu chaque jour selon le programme suivant :
7 juin : Presse philatélique spécialisée
8 juin : Provinces françaises
9 juin : Espace,et Poste aérienne
10 juin : Académie de philatélie – Amis du Musée Postal -Santé publique
11 juin : Jeunesse et sports
12 juin : Nature (flore, faune, environnement) – Expertise
13 juin : Coopération postale internationale
14 juin : Nations Unies, U.P.U. Colloque international
15 juin : Art, dessinateurs et graveurs des P.T.T.
16 juin : Clôture de l’Exposition et tirage de la Loterie nationale.
PEINTURE
Les quatre figurines « Arphila 75 » Paris, issues des concours organisés par le Commissariat Général de l’Exposition, se proposent d’illustrer les rapports entre la Philatélie et les différents Arts, dans la perspective d’un colloque qui cherchera des idées directrices pour renouveler l’art du timbre-poste. Le premier prix international, un Allemand de Kassel, a représenté cet œil, qui s’interprète comme l’image d’un thème plein de signification ;
L’idéal de la Poste y est symbolisé par l’expression du regard, qui est directe communication entre les hommes ;
Mais la passion du philatéliste y reconnaîtra l’instrument de son étude et la source de ses plaisirs. En ce miroir sensible, les récentes années ont fait naître bien des joies esthétiques, que lui procurèrent, malgré la réduction du format et l’ascèse originale de la taille-douce française, Mignard ou Greuze, Gérard ou Chassériau, Carrière ou Utrillo.
L’organe de la vision artistique symbolise enfin avec bonheur une série dont les reproductions se sont toujours attachées à interpréter, pour l’oeil de l’amateur, les couleurs conçues par l’œil du peintre.
Ainsi s’est constituée, œuvre par œuvre au cours des ans, une collection que chacun, à sa guise, fréquente et organise, en remontant dans le temps, de Miro, Chagall, Braque ou Rouault, à Derain, Matisse, Dufy, au Douanier Rousseau, à Gauguin, à Cézanne.
Il rapproche Seurat, Toulouse-Lautrec, Degas et Sisley, de Monet, Renoir et Manet. De génération en génération, il relie Millet, Courbet et Ingres, à David, Géricault et Delacroix.
De siècle en siècle, il passe de Fragonard, Boucher et Watteau, à La Tour, Le Brun et Philippe de Champaigne, du Maître de Moulins à Roger de la Pasture. Par des détours, il remonte des tapisseries de Mathieu ou de Lurçat à ia Dame à la Licorne ; vitraux et miniatures du Moyen-Age le conduisent enfin, par des rétables de primitifs et des fresques romanes, jusqu’aux dessins rupestres de Lascaux.
C’est ce minutieux et patient musée de la Peinture Française qui ajoutera son éclat à l’exposition « Arphila 75 », accueillie dans la nef du Grand Palais et les Galeries Nationales, écrins prestigieux préparés par l’élégance parisienne et le goût français pour les collections les plus rares.
SCULPTURE ET ARCHITECTURE :
Cette seconde maquette, distinguée par le jury d’Arphila 75 à l’un des concours ouverts par le Commissariat Général de l’Exposition, emprunte au Temple de Nikè sur l’antique Acropole d’Athènes, un chapiteau où se rejoignent deux nouvelles branches de l’Art.
Si en effet ce sommet de colonne fait partie intégrante de l’architecture, la beauté du relief ionique est propre à la sculpture. Cette double recherche se retrouve dans les timbres-poste français qui constituent un véritable livre de pierre réunissant tous les styles, toutes les époques.
Les lignes modernes de Notre-Dame du Haut-Ronchamp suggèrent la comparaison avec celles de la Sainte-Chapelle de Riom ou de l’église de Brou, des cathédrales de Rodez ou de Saint-Brieuc.
Versailles mène, par les Invalides et Chantilly, par Gien et le Clos-Lucé, au palais des Ducs de Bourgogne, et au donjon des Capitouls de Toulouse, au manoir de Bazoches-du-Morvand et au château fort de Sedan.
Le Mont-Saint-Michel indique deux voies : de l’abbaye à ses sœurs de Charlieu et de Chancelade, de l’ordonnance du site aux ensembles urbains, de Dôle, Salers et Grenoble, aux pittoresques demeures de Colmar, Châlons-sur-Marne et Riquewihr.
Le bas-relief d’Amiens dessine l’origine d’un mouvement qui se détache dans la pierre, au Chapiteau de la Cène d’Issoire comme dans le couple de la Danse de Bourdelle, et qui anime le bois, à Saint-Martin de l’Oise et au Moutier d’Ahun.L’Ange de Reims, frère du saint Matthieu de Strasbourg, marque le moment où la statue se détache du porche ou du pilier pour prendre les attitudes de la vie : douleur de la Madeleine de Tonnerre, angoisse de l’Age d’Airain de Rodin, légèreté de l’Air de Maillol. Le sourire de cet Ange relie dans sa grâce l’Enfant à l’Oie du sculpteur grec aux sujets de Pigalle ou de David d’Angers et aux groupes qui jouent autour du Bassin de Diane ou qui dansent au Triomphe de Flore.
A ces rapports ainsi marqués entre le timbre et l’œuvre d’art, l’exposition internationale dont c’est justement le thème, apportera de riches développements qui aboutiront peut-être à des aspirations nouvelles, mais prouveront certainement avec éclat la mission culturelle de la Philatélie.
GRAVURE
Cette maquette d’un artiste hindou, qui a obtenu le second prix au concours international d’Arphila 75, fait réfléchir, en son graphisme stylisé, aux rapports qui existent entre la philatélie et la gravure.
Aux premiers âges de l’imprimerie, cet art s’inscrivait sans doute dans le bois, où la gouge laisse une trace accentuée, souvent brutale, aux effets limités. La main délicate des orfèvres sut trouver la gravure en creux, justement appelée taille-douce, spécialité éminemment française, dans l’illustration du livre et l’élaboration de notre timbre-poste.
Le dessin une fois conçu est reproduit sur une plaque de métal. Celle-ci est travaillée au burin par la main de l’artiste qui obtient les valeurs différentes par la profondeur des tailles et leur entrecroisement. Trempée, l’épreuve définitive passera dans des presses, pour fournir une empreinte sur molette, puis par celle-ci, la matrice sur cylindre produisant la feuille de timbres. A la lithographie, qui favorisa au XIX8 siècle l’essor de la caricature, à l’héliogravure et à l’offset, procédés plus industriels, les graveurs préfèrent la taille-douce, qui assure dans le monde l’exceptionnel renom de l’école française.
Il s’agit sans doute de sécurité fiduciaire, mais surtout de préférence artistique : la beauté, le rendu, le fini, ne peuvent provenir que de la main du graveur ; c’est elle qui, par le caractère raffiné, inimitable du timbre gravé en creux, fait de chaque produit une véritable œuvre d’art, absolument originale.
L’observateur averti est sensible à toutes ces intentions : il pourra les vérifier en particulier sur les figurines représentant des vues de Paris.
Si un des premiers timbres gravés en 1936 pour la Poste Aérienne dessine un panorama parisien survolé par un avion, la haute valeur de 1950 est illustrée au-delà des deux ponts de la rive droite, par mille détails du Paris architectural. Mais la mouette étendant ses ailes sur la Cité annonçait déjà en 1947 une rencontre universelle, tandis que pour le Congrès des Télécommunications de 1949, le Pont Alexandre III menait déjà au Grand Palais.
C’est là qu’à travers les amples collections présentées par Arphila 75, le public pourra dans tout un contexte artistique international, situer l’originalité de la gravure du timbre-poste français. Dans cette atmosphère particulièrement propice se tiendra pour la première fois au monde un colloque international rassemblant les sommités de la Technique du timbre et de l’Art qui essaieront de dégager une ligne d’avenir pour cette miniature de l’Age moderne.
MUSIQUE ET DANSE :
La quatrième émission d’Arphila conclut sa thématique sous un harmonieux profil de déesse, comme pour illustrer les rapports entre la Philatélie et les deux arts de l’harmonie, la Musique et la Danse.
La collection des timbres de France regroupe une étonnante galerie de portraits de musiciens et compositeurs célèbres parmi lesquels on peut citer Ravel, Rameau, Saint-Saens…
Au musée des instruments, où l’on a vu le luth de la Finette de Watteau ou le Petit Fifre de Manet, elle est allée chercher le Violon Rouge de Dufy, émis en 1969.
Le timbre enfin a pu s’inspirer des arabesques chorégraphiques en passant par le bas-relief de la Danse de Bourdelle, ou par les lumières que Degas fit jouer sur sa Danseuse au Bouquet, Dans cette perspective d’art, ce visage de déesse – un détail de la Cérès que Barre grava en 1849 pour le premier timbre français – apparaît en précurseur de l’exposition qui va se dérouler en juin à Paris sur les 20000 m2 du Grand Palais, des Galeries Nationales et du Palais de Glace.
Autour des collections prestigieuses de S.M. la Reine d’Angleterre, de S.A.S. le Prince de Monaco, de la Fondation Spellmann… cette exposition réunit 700 exposants dont 500 étrangers. Participent également dans la classe officielle 169 administrations postales.
Au total une présentation de 5000 cadres regroupant les fleurons de la philatélie mondiale sans oublier les stands spécialisés réservés à la presse, l’expertise, la coopération internationale, au négoce, au mur d’images axé sur l’Année de la Femme, à la fabrication de vignettes taille-douce ainsi qu’à l’accueil des visiteurs.
Le thème central d’Arphila 75 est développé aux Galeries Nationales à travers « l’importance du timbre-poste », « ce qui a été fait jusqu’ici » et « ce que l’on pourrait aussi faire ». La galerie centrale a fait appel au Louvre, au Jeu de Paume, au Musée National d’Art Moderne pour exposer les œuvres d’art ayant inspiré certains timbres de la série « Musée Imaginaire ». Dans une autre salle plus tournée vers l’avenir, on verra les compositions d’artistes contemporains de grand renom présentant des maquettes de timbres de libre inspiration appuyées par quelques unes de leurs œuvres. Le public découvrira également les différents modes d’impression de l’Atelier de Périgueux ainsi qu’une importante prestation des artistes français créateurs de timbres-poste et de leurs œuvres personnelles. Ce beau visage surgi du passé, levant un clair regard vers l’avenir annonce donc bien le double thème « Art et Philatélie » de cet événement international.
Nb : Les textes et illustrations de cet article sont issus des Documents Philatélique Officiel réalisé par L’Administration des Postes et Télécommunications pour le Musée Postal et tirés sur les presses de l’Imprimerie des Timbres-Poste.
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