1 – Un peu de géographie
Le Gange, en hindi Ganga, est le fleuve du nord de l’Inde qui traverse 5 états indiens du nord-ouest jusqu’au nord-est du pays et sur une longueur de 3 090 km. C’est le plus sacré des fleuves de l’Inde qui prend sa source au glacier Gangoti dans l’Himalaya puis coule le long de la plaine indo-gangétique – la vallée du Gange – et termine sa course dans le golfe du Bengale en formant un immense delta, à 350km de la mer, couvert de rizières et de mangroves, appelé Sundarbans – en hindi « sundar » signifie – beau et « ban » – forêt.
On distingue ainsi 3 sections de ce fleuve :
-La 1ère section : Gange Himalaya
-La 2ème section : Gange moyen
-La 3ème section : Delta du Gange
Le Gange traverse de nombreuses villes saintes et sacrées dont les plus connues sont Haridwar et Rishikesh dans le nord-ouest du pays non loin de l’Himalaya et Varanasi (ex Bénarès) dans la vallée du Gange et non loin de Calcutta.
Dans sa course, le Gange collecte d’autres affluents dont notamment la rivière Yamunâ qui borde le Taj Mahal. Aujourd’hui, le Gange n’est plus utilisé pour la navigation, bateaux et navires ayant été remplacés par les routes et les trains plus rapides et moins onéreux.
Le Gange sert essentiellement à l’irrigation des terres et à l’alimentation, en eau, de la ville de Calcutta et d’une partie du delta du Bengale. 500 millions de personnes consomment son eau.
Pour les Hindous, le Gange est le fleuve le plus sacré de l’Inde et fait l’objet de pèlerinages. Tremper son corps ou se laver dans le Gange revient à laver ses pêchés, à retrouver l’union entre le corps et l’esprit ainsi que l’ultime vérité de la vie et les Hindous pensent que l’eau du Gange possède des vertus purificatrices pour le corps et pour l’âme.
Varanasi est d’après les Indous la ville la plus ancienne du monde. Elle se se situe aux bords du Gange. Les ghâts, sont les marches de pierre donnant directement sur le Gange fleuve sacré. Elles sont un lieu de rendez-vous pour la communauté indienne qui vient chaque matin aux aurores se baigner dans le fleuve pour se purifier.
Mourir dans ce fleuve et disperser les cendres des morts après crémation revient à assurer aux morts la fin du cycle des réincarnations et à atteindre la moksha (le nirvana) ou la délivrance du monde phénoménal.
Tous les 12 ans, au confluent du Gange et de la Yamunâ, a lieu la Kumbhamela, un rassemblement religieux de plusieurs dizaines de millions de fidèles.
3- Le Gange, la pollution
Avec le déversement, tous les jours, des cendres d’environ 4 000 cadavres humains, de 1 800 tonnes de bois utilisées pour les crémations, de 10 000 carcasses d’animaux, d’eaux usées et d’eaux industrielles non traitées, dont notamment les eaux très polluées des tanneries de la ville de Kanpur, le Gange est le fleuve le plus pollué au monde.
Classé en 2008 par le WWF parmi les 10 fleuves les plus menacés de notre planète, la pollution du Gange est 3 000 fois supérieure aux recommandations de l’OMS et les bactéries intestinales humaines et animales présentes dans ses eaux dépassent de 200 fois le seuil autorisé (1,5 millions d’unités par décilitre au lieu des 500 unités autorisées).
Dès 1985, le Gange est proclamé « héritage national » et plusieurs plans de nettoyage du fleuve sont décidés.
-Le 1er plan d’action – Ganga action plan – est mis en œuvre en 1985
-Le 2ème plan d’action – Ganga action plan – est mis en oeuvre en 1993
-Le 3ème plan d’action – Ganga mission – est mis en œuvre en 2014 à l’initiative du nouveau premier ministre indien Narendra Modi, élu le 17 mai 2014 et qui se rend sur les bords du Gange pour célébrer sa victoire le 23 juillet 2014. Il décide, et avec l’aide de la banque mondiale, de consacrer 3 milliards d’euros pour la construction de stations d’épuration qui d’ici 2020, devraient traiter les eaux usées et les eaux industrielles déversées dans le Gange et 250 millions d’euros pour le nettoyage en lui-même.
Depuis 30 ans, ce sont 4 milliards de dollars dépensés pour le Gange ce qui reste insuffisant au regard de ce qu’il conviendrait encore de faire :
-Construire des milliers de toilettes afin que les Indiens ne défèquent ni n’urinent plus dans le fleuve
-Construire des stations d’épuration en bien plus grand nombre que celles qui existent déjà et qui sont prévues
-Raccorder aux égouts les écoulements des eaux usées sur des centaines de kilomètres
-Créer des crématoires électriques, …..
On a même lâché des tortues nécrophages dans le Gange afin qu’elles dévorent les cadavres insuffisamment brûlés mais les reptiles furent très vite capturés et consommés par des riverains pauvres !
Des solutions existent mais qui ne seront efficaces que dans la mesure où l’argent alloué n’est pas détourné par des politiciens et des responsables politiques locaux corrompus.
4 – Le Gange, un écosystème ?
Malgré la pollution, le Gange abrite un écosystème riche avec notamment environ 2 000 dauphins et des requins d’eau douce.
-les dauphins du Gange qui n’existent que dans ce fleuve et qui, avec le temps, se sont adaptés à la pollution et ont perdu la vue, devenue inutile dans des eaux très opaques, et ont développé leur sens de l’orientation grâce à des signaux acoustiques.
-les dauphins de l’Irrawaddy ou grand dauphin et qu’on retrouve également dans les estuaires de l’Asie, dans le Mékong et sur les côtes asiatiques en général.
Les scientifiques ont également constaté que malgré la pollution, les bains rituels et la consommation de l’eau du Gange non traitée par les populations, il y a très peu d’épidémies et en tout état de cause pas plus que dans d’autres régions de l’Inde.
Le gavial du Gange (Gavialis gangeticus) est un gavial appartenant à l’ordre des crocodiliens dans la famille des Gavialidae et unique membre du genre Gavialis. Ce reptile est l’une des plus grandes espèces de crocodiliens.
L’écosystème participe à l’absence d’épidémies. La forte teneur en oxygène dissous du Gange permet la diminution des bactéries et le Gange contient également une très grande proportion de bactériophages qui tuent les micro-organismes, source de maladies.
Néanmoins, des campagnes de sensibilisation sur les dangers des eaux du Gange sont régulièrement effectuées, de manière inutile, la foi l’emportant sur la science.
Un conseil : s’abstenir de se baigner dans le Gange lors d’un voyage en Inde !
