Pendant la journée du vendredi 31 juillet 1914, Jaurès a tenté, d’abord à la chambre des députés puis au ministère des Affaires étrangères, de stopper le déclenchement des hostilités et repousser le spectre de la guerre imminente. A la fin de l’après-midi, il se rend à son journal, l’Humanité, journal qu’il a fondé dix ans plus tôt pour rédiger un éditorial qu’il conçoit comme un nouveau « J’accuse » visant à empêcher la Première Guerre mondiale et qui doit paraître le lendemain. Avant la nuit de travail qui s’annonce, il descend avec ses collaborateurs, Jean Longuet et Pierre Renaudel dîner au café le croissant, rue Montmartre, à Paris (2e arrondissement), près des Grands Boulevards; Il faisait chaud ce soir là et les fenêtres du café étaient ouvertes. Il est 21h40 quand un jeune militant nationaliste de 29 ans, Raoul Villain, tire deux coup de feu par une des fenêtres et abat Jaurès à bout portant. Touché en pleine tête, Jaurès s’écroule, mort. C’est la panique dans le café, puis un cri de femme retentit : « Jaurès est tué, Jaurès est tué ! » Son assassin, est appréhendé presque aussitôt alors qu’il tente de s’enfuir en courant. C’est un déséquilibrée, qui rêve d’une revanche de la France sur l’Allemagne. Jean Jaurès le pacifiste internationaliste cherchant à empêcher la guerre était pour Villain un « traître » devant être « puni », j’ai le sentiment du devoir accompli » déclarera-t-il lors de son interrogatoire.
Jaurès Assassiné. Jaurès est mort : il a été tué sous nos yeux, par deux balles assassines. A la minute où il fut ainsi mortellement frappé, il s’entretenait avec nous des évènements si graves qui acculent l’Europe à une catastrophe sans précédent dans l’histoire. Il cherchait à écarter l’horrible, le terrifiant péril. Il nous disait comment par un viril et lucide effort le gouvernement français pouvait encore sauver des horreurs d’un cataclysme universel la France et l’Europe avec elle. Ainsi commençait le journal L’Humanité du 1 août 1914.
Le dernier jour de paix en France est marqué par l’assassinat du grand tribun Jean Jaurès, dernier espoir des pacifistes. Dans les heures qui suivent l’annonce de son assassinat, les murs de toutes les mairies de France, sont recouvert d’affiches appelant à la mobilisation. Le 3 août 1914, l’Allemagne déclare la guerre à la France, c’est le début de la Grande Guerre. L’assassinat de l’apôtre de la paix illustre tragiquement la vanité des efforts de ceux qui ont cru jusqu’au bout l’impossibilité de la guerre. Son assassinat provoque une émotion considérable.
Ses obsèques, le 4 août, sont l’occasion d’un étonnant rassemblement de personnalités de gauche et de droite et d’un ralliement spectaculaire de la gauche à l’Union sacrée. Son assassin, Raoul Villain, incarcéré en attente de son procès pendant toute la durée du conflit, sera finalement acquitté de son crime le 19 mars 1919 à la surprise générale au motif de démence. Il s’exilera en Espagne où il sera fusillé par les républicains en 1936. Les cendres de Jaurès seront transférés au Panthéon le 23 novembre 1924, à l’initiative d’Édouard Herriot.