L’Italien Fausto Coppi, virtuose de la bicyclette, reste à ce jour l’un des plus grand champions de l’histoire du cyclisme. Il disparaît prématurément le 2 janvier 1960 à l’âge de 40 ans. Mal soigné il succombera des suites d’une malaria qu’il a attrapé quelques semaines plut tôt en Haute-Volta (aujourd’hui appelée Burkina Faso) ou il était parti disputer un critérium à Ouagadougou en compagnie de ses amis français Bobet, Anquetil et Geminiani pour promouvoir le cyclisme en Afrique Noire. Celui qui était surnommé « Campionissimo » sera enterré dans l’église de sa terre natale, dans le Piémont à Castellania ou il était né le 19 septembre 1915. Le jour de ses obsèques, des milliers d’anonymes se presseront pour le saluer une dernière fois.
Deux Tours de France, 5 Giro, 3 Milan-San Remo, 5 tours de Lombardie, une Flèche Wallone, un Paris-Roubaix historique, un championnat du monde sur route… Au total Coppi, lèvera les bras au ciel en signe de victoire 118 fois dans sa carrière. Plus que le nombre des ces victoires, ce fut la manière de les obtenir qui lui valut le surnom de “campionissimo”. Avant cette fin brutale, Fausto Coppi aura fait vibrer les foules. Avec ce fabuleux palmarès, Fausto Coppi appartient désormais à la légende.
En 1940, À 21 ans, Coppi s’impose au grand public en remportant devant le campionissimo de l’époque, Gino Bartali, son premier Tour d’Italie. Pour le jeune Coppi, c’est le début d’une carrière mythique qui fascine toujours. En quelques années, il accumulera les titres nationaux et remportera les plus prestigieux records sur piste. En 1945, il n’aura qu’une idée : vaincre hors de son pays. C’est le début d’un âge d’or. Durant huit ans, il établira sa suprématie sur tout le cyclisme international. Performance d’autant plus impressionnante que la concurrence est alors rude: Louison Bobet, Ferdinand Kubler, Hugo Koblet, Raphaël Geminiani…et que lui-même est physiquement fragile. “Des jambes démesurément longues et fuselées accrochées à un buste étriqué de souffreteux, le dos légèrement vouté” voilà comment le décrivaient ses contemporains. Rouleur exceptionnel, grimpeur prodigieux, Fausto Coppi a le génie du vélo : son style de course, sa grande préparation, son intérêt pour la mécanique et son alimentation diététique préfigurent une réorganisation générale de la profession. Si le Tour de France 1948 est l’apogée de Bartali, le Tour de France 1949 constituera l’avènement de Coppi.
Premier coureur à avoir réalisé le doublé Tour D’Italie-Tour de France (1949 et 1952) un stèle lui sera dressé au col de l’Izoard en souvenir des ses exploits de 1949 dans l’ascension de ce col, au cours du Tour d’Italie et du Tour de France. Le 8 juillet 1952, Fausto Coppi avale les 1120 mètres de dénivelé de l’Alpe d’Huez dans un temps record de 45 minutes et 22 secondes. Pendant des années, personne n’égalera ce record. Même le grand Bernard Hinault restera à bonne distance : trois minutes de plus lors de son ascension la plus rapide en 1978. Ce n’est finalement qu’en 1989 que la “performance du siècle ” tombera quand Laurent Fignon établira un nouveau record en 42 minutes et 15 secondes. Mais il excellait aussi dans l’exercice solitaire : l’Italien a détenu le record du monde de l’heure sur piste entre 1942 et 1956 avec 45,871 km/h avant d’être battu par un certain Jacques Anquetil.
Pourtant, si l’année 1953 sacre Coppi champion du monde sur route à Lugano, seul grand titre qui lui manquait, c’est aussi le début du déclin et une date charnière dans sa carrière. Cette date est également importante pour son pays qui est en marche vers le « miracle économique » des années 60. Une Italie nouvelle est en train de naître et Fausto Coppi est le symbole même de l’ascension sociale qui permet à des paysans pauvres de rejoindre la bourgeoisie aisée. En 1954, à 34 ans, Coppi qui aurait pu « raccrocher » s’entête au moment où sa liaison avec Giulia Occhini, la «Dame blanche», une femme mariée, déclenche un énorme scandale. Il doit affronter l’hostilité de la presse et des bien-pensants qui lui reproche cette liaison cachée. Sa carrière commence à décliner. Il continue à gagner mais ne put jamais rééditer les exploits des années précédentes. N’était-il pas temps alors de mettre fin à sa carrière ? Dès lors, le déclin du campionissimo sera inexorable jusqu’à cette nuit du 2 janvier 1960 ou il laisse l’Italie, son pays tout entier en pleurs.