Le 2 juillet 1270, la flotte royale de la huitième croisade quitte le port d’Aigues-Mortes pour l’Orient puis le 16 après une escale à Caligari en Sardaigne, entre dans la rade de Tunis, déserté par les marins qui ont abandonnés les galères sarrasines, et ses habitants qui ont fuit la ville. Malgré la fatigue engendré par une dysenterie le roi de France Louis IX tient à être le premier, pour la seconde fois (après la 7ème croisade 1248-1250), à poser le pied sur la terre d’Afrique. Le 18, Louis qui ne peut même plus tenir à cheval, débarque avec 6000 hommes dans la plaine à côté de la ville de Tunis. Il espère y convertir le sultan Al-Mustansir à la religion chrétienne.
Pour honorer sa foi, Louis IX mènera deux croisades. Pour cela, il fera construire en Camargues le premier port du royaume de France offrant un accès direct à la mer Méditerranée à Aigues-Mortes (Aigas Mòrtas signifie « eaux stagnantes » en occitan).
Après une esquisse de résistance, les Musulmans se réfugient dans la forteresse de Carthage, qui tombe le 24 juillet. L’affaire a été si rondement mené que les croisés n’ont perdu qu’un seul homme alors que les sarrasins déplorent la perte de 200 des leurs. Tandis que Louis avant de poursuivre les opérations, attend l’arrivée de son frère Charles et de ses renforts, commence une épuisante guérilla, la pestilence, l’écrasante chaleur et l’absence d’eau provoquent une terrible épidémie de typhus dans le camp des croisés. Le roi en est bientôt atteint, de même que son fils philippe, l’héritier du trône et de son autre fils Jean-Tristan qui était né à Damiette (et qui décèdera le 2 août). Louis sentant sa fin approcher écrit son testament dont il lit les principaux passage à son successeur. Ce texte est connu sous le nom des Enseignements de Saint Louis. Après avoir reçu l’extrême-onction, il parvient encore à prier toute la journée du dimanche 24 août, bien qu’il perde de temps à autre connaissance. Le lendemain il demande à être étendu sur un lit couvert de cendre et croise les mains sur sa poitrine. Vers midi, les yeux levés au ciel, il murmure: Introïbo in dominum tuam domine. Adorabo ad templum sanctum tuum (J’entrerai dans votre demeure, Seigneur, et je vous adorerai dans votre saint temple.) et rend l’âme à trois heures de l’après-midi.
Assisté de son fils Philippe et de son chapelain, le roi Louis rend son âme à Dieu le 25 août 1270 à l’âge de 56 ans. Ses derniers instants, comme son règne tout entier, ont été marqués par cette grandeur et cette piété qui, très vite, ont laissé pressentir en lui le Saint. La dépouille mortelle du roi quittera Tunis le 31 août 1270.
L’expédition engagée est dès lors bien compromise, mais Charles d’Anjou, tout juste arrivé avec ses troupes la veille de la mort du roi de France, décide de passer à l’offensive et fin septembre, parvint à s’emparer du camp musulman. Il ouvre alors des négociations avec le sultan de Tunis et un accord est signé le 30 octobre 1270. Puis Charles d’Anjou et le fils aîné de Louis, Philippe III, reviennent en France. Le retour du corps à Paris sera jalonné de miracles et de prodiges, et la papauté entame alors très vite le procès de sa canonisation, l’un des premiers du genre. Proclamé saint de son vivant par tous ceux qui l’avaient connu, Boniface VIII proclame le 11 août 1297, la canonisation de ce roi exceptionnel qui avait su donner à la monarchie capétienne un prestige incomparable. Louis IX devient “Saint Louis”, parfait modèle du roi juste, qu’un récit de son biographe Joinville a immortalisé en le décrivant en train de rendre la justice sous un chêne de son palais de Vincennes. Plus de huit siècles après la mort du roi Louis IX devant Tunis, une étude menée en 2015 par le médecin légiste Philippe Charlier sur les reliques attribuées au roi et dispersées un peu partout, en France comme à l’étranger lors de sa canonisation en 1297, suppose toutefois qu’il souffrait de scorbut et serait mort de bilharziose urinaire.