Le « France » part du Havre le 3 février 1962 pour sa première traversée transatlantique. La construction du dernier paquebot transatlantique construit pour le compte de la Compagnie Générale Transatlantique a été officiellement décidée en 1956. Lancé le 11 mai 1960 avec pour marraine l’épouse du Président de la République, Madame Yvonne de Gaulle, il sera achevé en novembre 1961. En dépit du développement du transport aérien grâce à l’avion à réaction et à une époque où chaque année un million de personnes traverse encore l’Atlantique en bateau, le France (troisième du nom après celui de 1864 et celui de 1912) est destiné à remplacer le « Liberté » datant de 1930 et le « Flandre », construit en 1952 tout deux obsolètes. Fleuron d’une nouvelle génération de paquebots, le France comportait un certain nombre d’innovations techniques: chaudières à haute pression Penhoet P41 timbrées procurant une économie de carburant, structures en alliage léger d’aluminium apportant ainsi une plus grande vitesse mais aussi ailerons stabilisateurs rétractables, innovation audacieuse qui contribue au confort des passagers car elle permet d’éviter le roulis.
Le 11 janvier 1962, Michel Debré, Premier Ministre de l’époque, inaugure en grande pompe le plus grand et le plus luxueux paquebot jamais construit par les chantiers navals de Saint-Nazaire, un bateau qui porte le nom, désormais célèbre de « France ». Il deviendra le plus grand transatlantique en service de son temps et sera exploité principalement entre Le Havre son port d’attache, Southampton et New York. Prévu pour effectuer la traversée en 5 jours à une vitesse de 31 nœuds (environ 58 km/h), le « France » est alors le plus long paquebot du monde (315,66 mètres hors-tout); ses deux cheminées à la forme emblématique lui permette d’évacuer les fumées de manière latérale préservant les passagers de leurs désagréments. Deux tours du monde seront aussi effectués par le France: un en 1972 et un en 1974 (les deux seuls jamais organisés par la Compagnie Générale Transatlantique).
Son premier départ pour New York aura lieu le 3 février 1962, le France embarquera 2000 passagers en plus des 1000 hommes d’équipage nécessaires à l’administration de ce navire hors du commun. Il arrivera comme prévu à New York le 8 février 1962 sous une parade de remorqueurs et de bateaux pompes, des milliers de personnes se sont massées le long de la rivière Hudson pour accompagner le France jusqu’au quai 88. La légende du France ne fait que commencer et se poursuivra une douzaine d’années. Au cours de sa carrière sous pavillon Transat, le « France » traversera l’Atlantique 377 fois et effectuera au total 93 croisières, transportant près de 600.000 passagers. Mais il faut se rendre à l’évidence: ce paquebot, excellence à la française est devenu un gouffre financier. Le « France » n’est plus rentable. Sur l’Atlantique Nord, le transport aérien a définitivement gagné la partie avec le Boeing 747. Cette véritable ville flottante clôturera en septembre 1974 la ligne Le Havre-New York qui était exploitée par la Compagnie depuis 110 ans: tout un symbole!
 |
 |
Le France est amarré le 19 décembre 1974 dans le canal maritime surnommé le quai de l’oubli au fond du port du Havre. Après cinq années d’immobilisation, le paquebot sera revendu le 25 juin 1979 à Knut Ulstein Kloster, propriétaire de la Norwegian Caribbean Line, qui le rebaptise Norway le 31 juillet. Le dernier des géants quittera Le Havre le 18 août 1979 avec à la tête de l’Etat-major, le Commandant Guy Kérignard. Transformé en paquebot de loisirs le Norway effectuera alors essentiellement des croisières d’une semaine dans les Caraïbes malgré quelques réapparitions en France pour finir sa vie en 2009 démantelé sur le chantier de la baie d’Alang en Inde. Aujourd’hui disparu, sa légende demeure intacte et il restera toujours, dans les souvenirs, et le cœur des français, un fabuleux paquebot.
