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Femmes. A vos postes !

Le 4 aout 1914, la guerre est officiellement déclarée à l’Allemagne. Les affiches proclamant la mobilisation générale sont apposées dans toutes les communes de France. Les hommes en âge de porter les armes répondent à l’appel. Quand survient la mobilisation toute l’activité économique est bouleversée : 60 % des emplois d’avant-guerre disparaissent et de nombreuses femmes se voient privées du salaire de leur mari. Comme les autres hommes les 15000 agents et sous-agents des postes sont mobilisés, creusant des trous dans les services qu’il faut combler. A partir de 1915 les premiers invalides de guerre réformés cherchent alors à se réinsérer dans la vie active et proposèrent leurs services aux PTT mais rapidement militaires invalides et agents réformés ne suffisent plus à faire fonctionner normalement les services de distribution. En avril 1915, 4 500 000 lettres ordinaires, 320 000 paquets-poste, 70 000 journaux et 11 000 mandats-cartes et mandats télégraphiques arrivent chaque jour sur le front. Quant aux poilus, ils expédient plus de 5 000 000 de lettres à l’arrière. En moyenne, les hommes envoient ou reçoivent une lettre par jour. La pénurie de main d’oeuvre guette dans les services de la distribution. Il est d’abord fait appel à des auxiliaire masculins mais devant les besoins en hommes de l’armée, l’administration se retrouve débordée et décide de faire appel aux femmes.

Un premier pas avait déjà été franchi par l’utilisation des femmes des facteurs-receveurs. Occupant l’appartement de fonction de leur époux et connaissant déjà la maison, elles avaient naturellement été appelées à remplacer leur mari mobilisé. Le 28 septembre 1915 pour réduire les vides laissés par la mobilisation et réduire l’engorgement des services de distribution un arrêté est pris stipulant que les femmes de sous-agents tués ou empêchés d’exercer leurs fonctions pour fait de guerre peuvent-être employées comme facteurs auxiliaires. Le conflit se prolongeant, l’utilisation de la main d’oeuvre féminine deviendra plus systématique. L’idée d’une main d’oeuvre féminine n’était pas nouvelle car dès le 7 août 1914 René Viviani lançait ce vibrant appel : « Debout donc femmes françaises, jeunes enfants, filles et fils de la patrie ! Remplacez sur le champ de travail ceux qui sont sur le champ de bataille. Préparez- vous à leur montrer demain la terre cultivée, les récoltes rentrées, les champs ensemencés. Il n’y a pas dans ces heures braves de labeur infime ; tout est grand qui sert le pays. Debout à l’action, au labeur ! Il y aura demain de la gloire pour tout le monde ».

Pour Viviani cette mobilisation de la gente féminine devait être ponctuelle, car on croyait encore à cette époque que la guerre serait courte. Mais courant 1915, alors que la guerre s’est installée, la situation est évidemment bien différente. Rapidement on déchante, les hommes, les poilus, sont partis pour longtemps et les femmes doivent les remplacer à la fois dans l’industrie de guerre, où on les surnomme les munitionnettes, mais aussi dans les transports ou encore aux champs. On les retrouve partout et surtout là où cela ne nous surprend plus aujourd’hui. Dans l’administration, serveuses dans les cafés… Tous ces métiers interdits, aujourd’hui banalisés, leur ouvrent leurs portes.

La mobilisation de l’effort de guerre n’est représentée que de façon marginale dans les cartes postales alors que la presse et l’affiche traitent abondamment de ce thème. Les cartes de munitionnettes ou d’agricultrices remplaçant dans les travaux des champs leur mari partis au front restent rares, en revanche la figure de l’infirmière « l’ange blanc » suscite une iconographie considérable. Les femmes furent surtout employées dans l’industrie de l’armement, des chemins de fer et dans les services de santé. En 1913, les industries d’armement employaient 5 % de femmes, en 1917 elles en employaient 26 %.

Carte postale - L'ange blanc.
Carte postale – L’ange blanc.

Les femmes joueront aussi un rôle important dans le bon moral des troupes en leur apportant parfois un réconfort physique, mais le plus souvent moral par leur présence à l’arrière lors des permissions ou encore par la correspondance entretenue avec les poilus à travers les marraines de guerre. Installées derrière leur pupitre, des femmes rédigent des lettres et remplissent des colis qui le lendemain matin, partiront pour le front (voir sur la carte ci-dessous). Dans une France devenue une nation de veuves, les femmes deviennent alors pour la France le seul moyen de continuer à produire. Après avoir donné leurs hommes à la patrie, ces mères et épouses vont devoir faire tourner le pays et alimenter le front. Servir devient leur mot d’ordre : faire tourner les usines à plein rendement, soigner les blessés, assurer les services de la vie quotidienne et soutenir les hommes.

Les industriels apprécieront d’ailleurs rapidement ces employées que les contremaîtres décrivent comme « plus consciencieuses et plus travailleuses que les hommes ». La vérité est que celles-ci se contentent d’une rémunération plus faible que leurs homologues masculins (les écarts de salaires restent considérables – proches de 50%), et sont moins enclines aux grèves et autres revendications sociales. L’armistice dument signé, le facteur démobilisé retrouve d’ailleurs sa place et les 1500 postiers disparus au champ d’honneur sont vite remplacés par des hommes. La féminisation de la distribution va peu à peu se résorber et disparaitre. Si le courage de ces femmes à forcé le respect pendant la guerre et si l’opinion publique avait admis la présence des femmes dans les services d’exécution au télégraphe et au téléphone, elle n’était pas encore mûre pour accepter la femme au poste de « factrice ». Ce métier était alors encore considéré comme trop dur pour une femme car les tournées étaient longues et les charges transportées importantes.

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