De tout les personnages ayant influencé la légende et la figure du Père Noël, le principal est sans aucun doute Saint-Nicolas, Saint patron des Lorrains. L’histoire de Saint Nicolas prend sa source en Asie mineure, à Patara, au sud-ouest de l’actuelle Turquie entre 250 et 270 après JC. De son vivant, Nicolas sera bienveillant, généreux et protègera les enfants, les veuves et les faibles. Persécuté par l’Empire romain, l’évêque de Myre décèdera en martyr un 6 décembre 343 après JC.
Cependant, “Saint” Nicolas ne fût en réalité jamais canonisé . Enterré dans sa ville, ses ossements seront volés au début du XIème siècle par des marins marchands italiens qui les emportèrent avec eux à Bari en Italie. Une phalange du Saint sera ramené en Lorraine en 1087 par le Sieur Albert de Varangéville revenant de croisade. Il édifiera alors à Port une église pour abriter la sainte relique. Ce lieu devient un lieu de pèlerinage et le nom de la ville évoluera et prendra le nom de Saint-Nicolas-de-Port. Aujourd’hui et comme chaque année depuis 1245, la basilique de Saint-Nicolas-de-Port accueille une procession aux flambeaux autour de la relique de Saint Nicolas le samedi le plus proche du 6 décembre.
Bien que la fête de Saint-Nicolas ne soit plus célébrée avec autant de ferveur qu’auparavant et qu’elle fasse aujourd’hui partie du passé pour la plupart des gens, Belges, Hollandais, Allemands, Autrichiens, Alsaciens et Lorrains perpétuent les célébrations du 6 décembre. Saint-Nicolas fait de la résistance et continue sa tournée en distribuant des cadeaux aux enfants dans la nuit du 5 au 6 décembre vêtu en évêque arborant une crosse et une mitre. Depuis des siècles le saint martyr, évêque de Myre en Turquie continue ainsi d’aller de porte en porte accompagné de son âne et de son acolyte le Père Fouettard dont le nom varie selon les régions.
Bien que la tradition ne soit pas uniforme d’une région à l’autre, dans l’est et le nord de la France la coutume veut que les enfants placent leurs souliers près du feu pour que St-Nicolas dépose ses cadeaux, et un petit verre de mirabelle est préparé à son attention ainsi qu’une carotte pour son âne. Le Saint homme dans son costume d’évêque offre alors un cadeau aux enfants sages, tandis que les plus turbulent sont corrigés ou enlevés par l’inquiétant Père Fouettard. Pour bien des enfants la Saint Nicolas c’est Noël avant l’heure.
Le Père Fouettard – Pour les uns, le personnage du Père Fouettard serait né en 1552 lors du siège de Metz par l’empereur Charles Quint; Pour se moquer de Charles Quint les habitants de la ville de Metz fabriquèrent une grossière effigie qu’il transportèrent dans toute la ville avant de la brûler. Ce mannequin équipé d’un fouet de large bottes et d’une grande barbe noire qui lui donnait un aspect inquiétant pourrait bien être l’ancêtre du Père Fouettard. Pour d’autres le Père Fouettard serait en fait le boucher infanticide de la légende que Saint-Nicolas forcerait à suivre pour le punir.
De plus, depuis le moyen-âge les régions rhénanes organisent de grandes foires à l’occasion de la Saint-Nicolas, foires portant désormais le nom de “ marchés de Noël” et dont la plus réputée est à Strasbourg.
Si Saint-Nicolas endosse si bien le rôle de distributeur de cadeau et que sa fête commémorative est autant liée à l’enfance, c’est que ça légende en a fait le protecteur et le saint patron des enfants, auxquels il porta secours par plusieurs de ses miracles. Le plus connu des miracles de Saint Nicolas et sans nul doute celui de la résurrection de 3 enfants qu’un boucher avait occis et conservé dans un saloir : “Ils étaient trois petits enfants qui s’en allaient glaner aux champs. Tant sont allés tant sont venus, Que sur le soir se sont perdus…” Perdus dans la nuit les trois enfants demandèrent donc à un boucher de les loger. A peine entrés et à l’abri, le boucher se précipite vers eux, tue les enfants, les découpe et les mets au saloir. Sept ans plus tard, le bon Saint-Nicolas vient à passer par là et se rend chez le boucher. Il insiste pour manger du petit salé qui se trouvait au saloir depuis sept ans. Pris de peur, le boucher s’enfuit et Saint-Nicolas ressuscita les trois enfants “Petits enfants qui dormez là, Je suis le grand Saint Nicolas. Le grand saint étendit trois doigts, Les trois enfants ressuscita.”
Au 17e siècle, Saint Nicolas, aussi patron des marins, traversa l’Atlantique à bord d’un navire hollandais: les Hollandais, de confession protestante étaient en effet très attachés à la coutume de la Saint-Nicolas et comme tous migrants apportèrent avec eux leur folklore, et par conséquent la fête de Sinterklaas (Saint Nicolas en Hollandais). Au fil des ans, le nom de SinterKlaas s’anglicise se transformant progressivement pour devenir Santa Claus vers le début du 19ème siècle. Son costume d’évêque se simplifie en un chaud vêtement de couleur verte et Santa Claus prend les traits d’un lutin jovial à la barbe blanche allant de cheminée en cheminée pour distribuer ses cadeaux outre-Atlantique au pied du sapin de Noël. La tradition du 6 décembre s’enracine donc peu à peu aux États-Unis. Mais la première pierre à la création du mythe du Père Noël est posée en 1823, avec la publication dans un journal américain du poème «A visit from St Nicholas», qui raconte la venue de Saint-Nicolas distribuant des cadeaux aux enfants dans la nuit du 24 au 25 décembre. Son histoire ne variera pas beaucoup durant les cents années suivantes. Mais en 1931, la marque de soda Coca-Cola cherche un moyen de vendre ses boissons en hiver: Le vieil homme à la barbe blanche et au manteau vert est habillé avec les couleurs de la marque: en rouge et en blanc. C’en était fini du Père Fouettard, de l’âne et de Saint-Nicolas et sa mitre , place au traîneau et au bonnet rouge, notre Père Noël était né.