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Les Ballons montés à la rescousse des Parisiens.

En philatélie, certaines périodes en raison de leur intérêt historique et grâce aux innovations techniques sont recherchés par les collectionneurs du monde entier. L’une de ces périodes est celle de la guerre Franco-Prussienne du 1870, pendant laquelle la nécessité de communiquer et les obstacles provoqués par cette guerre poussèrent les Parisiens à utiliser des ballons montés, des pigeons voyageurs et des boules submersibles pour envoyer et recevoir
le courrier. Paris est assiégé depuis le 19 septembre 1870 par une armée de quelques 150000 allemands et la France vie les premières heures de la IIIème République depuis le 4 septembre 1870. La capitale et ses centaines de milliers d’habitants sont complètements isolés du monde extérieur et désormais sous la menace permanente des canons allemands. Depuis le règne de Louis-Philippe, une enceinte continue et treize forts détachés protègent la capitale: mais Paris assiégé est par le fait même coupé du reste du pays. Se posent alors non seulement le problème du ravitaillement mais aussi celui du courrier. Coute que coute le courrier des Parisiens doit parvenir en province et assurer, en quelque sorte, la continuité des services publics sur le territoire. Pour communiquer il ne reste qu’une solution aux Parisiens assiégés. Le courrier passera mais par une voie inhabituelle: par la voie des airs. Outre les pigeons voyageur, le gouvernement décide de l’utilisation d’un système qui a fait ses preuves depuis fort longtemps dans l’observation militaire: les ballons captifs d’observations. Le 19 septembre 1870 Gambetta signe avec l’aérostier et photographe Félix Tournachon, dit Nadar qui a fondé dès aout 1870, la compagnie des aérostiers militaires une convention pour la construction de trois premiers ballons. Le siège de Paris durera un peu plus de 4 mois, du 19 septembre 1870 au 28 janvier 1871. Le principal organisateur de la poste par ballons est Germain Rampont-Léchin directeur général des postes. Les trains étant désormais à l’arrêt total depuis le début du siège les halls de gare, très vastes, serviront de hangars de construction. Les Godard s’installeront Gare d’Orléans, puis après un bombardement, rejoindront la Gare de l’Est. Nadar, Dartois et Yon débuteront dans une salle de l’Elysée Montmartre, puis s’installeront Gare du Nord. Un ballon demande douze jours de fabrication. Un décret du 27 septembre 1870 officialisera ce mode d’acheminement très spécial. Les Parisiens peuvent alors envoyer soit des lettres de moins de 4 grammes, soit des cartes postales de moins de 3 grammes.

Un ballon d’essai, le Neptune, monté par l’aéronaute Duruof, quitta Paris avec des dépêches, le 23 septembre, et alla atterrir près d’Evreux. L’heureuse issue de cette tentative amena immédiatement l’organisation d’un service régulier de transport de correspondances pour la Province. […]

Les marins des forts furent plus spécialement chargé de ce périlleux service (1) et ils s’en acquittèrent avec un dévouement et une intrépidité que le siège de Paris a rendu légendaires.

Il y avait, en effet, un danger réel à affronter un élément encore indompté, sous le feu des Allemands, au risque d’être entrainé soit vers la mer, soit en pays occupé par l’ennemi. Les aventures des aéronautes furent nombreuses et souvent des plus dramatiques; les dépêches furent maintes fois sacrifiées ou perdues.

Alexis BELLOC. Les Postes Françaises. (1886) Pages 572

Le ballon d’Eugène Godard, le Ville de Florence monté par l’aéronaute Mangin emportera quelques jours plus tard 120 kg de dépêches et 30 kg d’imprimés ainsi que 3 pigeons. Il se posera sans accident à Vernouillet près de Triel, dans le département de Seine-et-Oise après plus de 3 heures de vol. Le ballon « Ville de Florence » fût le premier ballon ayant transporté une personne (M. De Lutz) avec succès. Ainsi que le premier ballon affrété par l’administration des Postes à avoir établi une liaison aller-retour. Le retour s’étant fait via un des pigeons voyageur sus-cités avec le message  » Bonne descente à Vernouillet , en face de Triel, à 2h30. Pas de Prussiens.Voyageur laissé dépêches. Je pars à Tours. » Le 7 octobre 1870 à 11h00, le ministre de l’intérieur Gambetta s’envole de Montmartre pour aller organiser en province la défense nationale à bord du ballon « L’Armand-Barbès » pour rejoindre le gouvernement réfugié à Tours avant d’émigrer à Bordeaux. Pas de chance pour Gambetta, vents contraires, il se retrouve dans la Somme au milieu des lignes prussiennes. Gambetta en réchappe de justesse. Dès lors, le service de poste aérienne par ballons montés se poursuivit sans intermittence, pendant tout le cours de ce long siège. Durant cette période cinquante-cinq ballons montés (2) ( c’est a dire avec équipage et éventuellement passagers) transporteront officiellement le courrier des Parisiens, soit plus de 2 500 000 lettres, et qui atterriront au petit bonheur la chance, au grée des courants aériens…


Les ballons sortis pendant le siège de Paris, 1870-1871,
avec liste des ballons qui ont quitté Paris et carte des lieux d’atterrissage.
(cliquer sur la carte pour l’avoir en haute résolution)

Sites à consulter:

Les ballons montés sur Philatelistes.net

Etude du siège de Paris. – Club Philatélique de Vélizy-Villacoublay.

A lire: En ballon!: pendant le siège de Paris, souvenirs d’un aéronaute. – Par Gaston Tissandier.1871

Par ballon monté. Lettres envoyées de Paris pendant le siège : septembre 1870-10 février 1871 Par Louis Moland

(1) On considéra que les marins étaient déjà habitués aux périls de la navigation et ne faisaient que changer d’élément. « ’Pour monter, on lâche du lest, pour descendre, on tire sur la soupape… » Cela peut paraître simple mais la réalité est tout autre. Ils suivirent cependant des cours accéléré d’aéronautique à la gare d’Orléans, chez Godard, ou un ballon-école a été installé.

(2) Sur un total de 66 ballons. Car sur ce nombre, deux se perdirent en mer corps et biens, 20 ont atterri dans les lignes ennemies en zone occupée, 5 ont été capturés par les allemands et 11 se sont posés à l’étranger. Le record de distance appartenant à la ville d’Orléans qui s’en fut atterrir en Norvège soit un vol de plus de 1300 kilomètres.


Ballon monté Ville d’Orléans ayant volé depuis Paris jusqu’en Norvège.

Le chancelier Bismark installé dans le château des Rothschild à Ferrières-en-Brie a dit de ces ballons montés: « Ces maudits ballons nous ont fait un tort considérable, car, grâce à eux, le gouvernement de Paris parle sans cesse aux généraux de province. décidément ces diables de Parisiens sont bien ingénieux!. ».
Avec les ballons montés nous assistons en quelque sorte au démarrage de la poste aérienne. Cet épisode de l’histoire est un magnifique témoignage de la capacité des hommes à se mobiliser pour construire, ensemble, un projet visant à les rendre libres. C’était il y a 140 ans.

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