Il faut attendre le 1er mai 1840 pour voir enfin naitre, en grande Bretagne le premier timbre au monde: le One Penny black. D’une valeur de 1 penny il porte le profil de la reine Victoria à l’âge de quinze ans. Rowland Hill nommé membre du trésor en 1839 fut chargé de présenter un projet de réforme de l’administration postale afin d’endiguer son déficit. Il y consacrera toute ses forces et proposera pour cela l’idée d’une lettre affranchie d »un petit bout de papier à la fois beau et infalsifiable. Hill parle de « petits sacs appelés enveloppes » et « de petites étiquettes timbrées, mobiles, d’environ un pouces carré qui, préparées avec une couche de matière agglutinante appliquée au dos, pourraient être fixées sans pain à cacheter ». Quatre vignettes de valeur diverses étaient prévues pour l’affranchissement, dont un timbre que l’on pouvait coller sur les lettres, ainsi que des enveloppes ou étaient imprimé le montant du port. Hill reçut du public de nombreuses propositions. Adoptant la proposition du Mr Cheverton , ce fut la tête de la reine Victoria qui fut choisit comme motif, partant du principe que l’oeil humain pouvant distinguer la plus légère modification d’un visage. Il s’agissait d’une mesure de protection contre les falsifications. Le « Penny Black » et le « 2 Pence Bleu » (pour les lettres d’un poids supérieur à une demi once) seront réalisés selon ce principe.
On utilisera donc comme modèle le portrait de la jeune reine gravé par Wyon pour une médaille commémorative lors de l’entrée officielle de la souveraine dans la cité en 1837. Cette représentation plaira tant à la reine qu’elles tiendra à la conserver sur les timbres jusqu’à sa mort, en 1901! Le portait de la reine Victoria est gravé en taille douce. Le fond du timbre est un guillochage réalisé à la machine, comme on en voit souvent sur les billets de banques et l’impression est effectué sur un papier chiffon filigrané et non dentelé. Chaque timbre porte des lettres de repère destinées à éviter les contrefaçons. Ils furent mis en vente aux guichets de poste le 1er mai 1840 mais n’eurent valeur d’affranchissement qu’à partir du 6 mai. ( 600 000 timbres étaient disponibles à la vente). C’est une petite révolution qui vient de se produire: désormais le prix du courrier dépend de son poids (1 penny pour les courriers de moins de 15g) et c’est l’expéditeur qui paie la taxe d’acheminement, selon des tarifs très simple, pour le régime intérieur et pour l’international.
Rowland Hill raconte ainsi les débuts du timbre-poste dans son journal:
« 1er mai 1840. Premier jour de vente à Londres des nouveaux timbres-poste.
2 mai 1840. Levé à 8 heures moins le quart. Hier, on a vendu pour 2500 livres sterling de timbres.
6 mai 1840. Début du travail à 7 heures 50. Les timbres entrent en service. Cole est allé au bureau de poste et m’a rapporté que près de la moitié des lettres étaient affranchies «
Le Two Pence bleu aurait dû sortir en même temps que le One penny, mais il faudra attendre jusqu’au 8 mai 1840 pour la mise en vente de celui-ci. Si ces deux timbres ne se classent pas parmi les plus rares, ils n’en sont pas moins d’une grande célébrité. On peut même à certains égards les considéré comme les plus beaux: la gravure est remarquable, le visage fin de la reine victoria, aux proportions parfaites se profile sur un fond superbement guilloché. Les feuilles compte 240 timbres qui portent chacun, en bas, des lettres. Sur le premier rang en partant du haut et de gauche à droite, on trouve les lettres A-A, A-B, jusqu’a A-L; sur le second rang, B-A à B-L, et ainsi de suite. Cette désignation permettant ainsi de déterminer l’exacte situation de chaque timbre sur la feuille. c’est aussi en même temps une mesure de garantie contre les falsifications. Sa réforme fut un total succès, ce premier timbre poste qui eut cours jusqu’en 1841 fut tiré à 68 millions d’exemplaires et en 1840 la Poste britannique achemina 170 millions de plis soit le double de l’année précédente. Tel fut le début du grand succès de Rowland Hill; Il sera nommé ensuite chevalier par la reine en reconnaissance de ses services.
